Au salon du Bourget, il n’y a pas que des avions. On y trouve aussi des objets volants moins bruyants et moins polluants.
Dans le hall de la Galerie des huit colonnes du Musée de l’air et de l’espace est exposé le dirigeable Néphélios qui se meut à l’énergie solaire. Ou plutôt, qui se mouvra à l’énergie solaire. Pour l’instant, Néphelios n’a pas quitté le musée où il a été assemblé ces dernières semaines par une cohorte d’étudiants, pour la plupart aspirant ingénieurs, qui ont monté le projet Sol’R de toute pièce.
Aloun Vangkeosay, 22 ans, est étudiant ingénieur à l’INSA-Lyon. C’est dans sa tête et dans celle de son comparse Thomas Raphaël qu’est née l’idée d’un dirigeable solaire. Ils se sont lancés dans l’aventure parce qu’“ils s’ennuyaient sur les bancs de l’école d’ingénieur”, dixit Arnaud Vaillant, le troisième de la bande. Ils ont été rejoints par des dizaines d’autres étudiants d’horizons divers.
Les débuts :
En tout, ce sont “une soixantaine” de personnes qui ont travaillé à cet ouvrage. Ingénieurs, commerciaux et élèves de lycée professionnel. S’il ne vole pas encore, leur travail a belle allure avec ses 22 mètres de long et 5 mètres de diamètre.
Avant d’assembler les pièces qu’ils ont conçues, ils ont eu à s’occuper en traquant des financements. Les 150 000 euros de budget ont été finalement réunis début 2009. Les écoles – INSA, EPF et ESSEC notamment – ont mis la main au portefeuille, à l’instar de l’ADEME et de grands groupes. Total a fourni une bonne part du budget “pour communiquer auprès des étudiants” et sans doute pour mettre une petite couche de vert à sa terne réputation (même s’il est vrai que le dirigeable n’est pas grimé à ses couleurs). Air Liquide a fourni les 350 m3 d’hélium, gaz plus léger que l’air qui permet au dirigeable de s’élever. Tout cela au prix de longs efforts.
Démarchage :
Aloun et ses amis passeront tout l’été à fignoler leur dirigeable pour qu’il puisse voguer à 30 ou 40 km/h. L’engin transportera une charge utile d’une centaine de kilogrammes. Il sera piloté par un doctorant qui a l’avantage d’être “pilote de montgolfière et de ne pas peser trop lourd”, précise Arnaud
Leur but est maintenant de traverser la Manche fin août, dans les pas de Louis Blériot, qui l’a fait cent ans avant eux. Pour Aloun le choix de la Manche est un symbole important.
“La salles des huit colonnes est remplie d’engins construits par des fous volants. [Beaucoup d’entre eux] ont été inaugurés en traversant la Manche. C’est pour nous inscrire dans cette lignée que nous avons décidé de faire pareil.”
Ils l’espèrent, cette traversée ne sera qu’un début pour le projet Sol’R. Les étudiants rêvent déjà d’un grand dessein pour leurs idées.
Aller plus loin ?
Les dirigeables ont un long passé. Les mythiques Zeppelin, bien plus gros, ont déjà traversé des mers. Mais aucun ne l’a fait à l’énergie solaire. Une utopie ? La question a été posée à Didier Costes, un ingénieur à la retraite qui a conçu plusieurs dirigeables. “Peu importe le mode de propulsion, ce qui compte c’est qu’il vole !”, s’est-il exclamé.
Optimisme donc. Pourtant, la route est encore longue. Il faudra par exemple colmater les fuites d’hélium qui ne manqueront pas d’apparaître. Coup de chance pour les Sol’R, une entreprise spécialisée dans la détection de fuite passait par là, attirée par la grand messe aéronautique du Bourget, et a proposé ses services.
Illustration et photo : Sol’R