La note de Lundi sur la sécurité routière a été reprise sur le site de l'institut Turgot. J'en ai profité pour rajouter un paragraphe sur les bénéfices sociétaux de l'automobilité, et leur comparaison avec les coûts de l'insécurité routière. J'ai modifié la note de Lundi (le format Turgot m'oblige à être un peu moins gouailleur), corrigé le coût de l'insécurité routière en y ajoutant la prise en compte des blessés graves (11 milliards au lieu de 5,5) mais pour ceux qui ne veulent pas tout relire, voici les paragraphes ajoutés:
Il est à noter que je n’ai pas pu trouver de données suffisantes sur les trafics routiers en France pour estimer le bénéfice global que la société retirait de la conduite automobile, exercice O Combien difficile s’il en est. L’économiste Thomas F. Hogarthy s’y est essayé pour les USA, dont la population est 5 fois plus élevée que la notre, en 1998, sur la base de chiffres de 1995. Son calcul prend en compte divers modes de déplacement automobile (taxi, location avec chauffeur, sans chauffeur, véhicule personnel…), le nombre de kilomètres parcouru par chaque mode, et le coût moyen des déplacements par chaque mode, pour estimer une fourchette basse extrêmement conservatrice du bénéfice que la société américaine retire de l’automobilité, en considérant que tout individu n’entreprend un déplacement que si les avantages que ce déplacement occasionne en justifient les coûts.
Il aboutit à un gain annuel minimal de 6,9 mille milliards de dollars pour la société américaine, en 1995(**). Wendell Cox ramène ce chiffre, en corrigeant certaines approximations, à 4,2 milliers de milliards. Rapporté à la différence de population et de PIB/h, cela nous donnerait, pour la France, un bénéfice minimal de l’automobilité d’environ 550 milliards d’Euros à la même époque (selon le taux de change ajusté en parité de pouvoir d'achat calculé par l'OCDE). En supposant que ce bénéfice soit à peu près indexé sur l'inflation (une approximation sûrement assez correcte), nous arrivons à un total de 720 milliards d'euros. Naturellement, ce n’est qu’un ordre de grandeur. Mais il induit que les bénéfices de l'automobilité représentent tout de même environ 40% de notre PIB. Cela paraît logique: faites le compte de tout ce qui serait inenvisageable sans la possibilité de déplacer hommes et marchandises de façon convenable !
L’on comprend donc que le coût du risque corporel et mortel lié à l’automobile, 11 milliards, soit jugé très acceptable par rapport aux bénéfices de l’auto-mobilité. A contrario, on saisit mieux l'importance, pour les personnes privées de permis, de continuer tout de même à conduire.
(**) T.F. Hogarthy, Benefits of road and travel transport, Heritage Foundation, 1998, cité par Joel Schwarz in « 21st century Highways », éditions Heritage Foundation, 2005
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