Ainsi, elle ne paraîtra plus le dimanche. L’éditeur a annoncé qu’il devra trouver 26 millions. Soit dans la rédaction, soit dans les fonds de tiroir… Je gage que les tiroirs sont vides. Selon Guy Crevier, trois éléments entachent la viabilité de La Presse : la récession, le déficit du régime de retraite qui atteint 113 millions, et l’exode des annonceurs qui quittent la presse imprimée au profit d’Internet.
Oui. Pis? C’est pour ça que des médias appartiennent souvent à des consortiums ou des conglomérats bien établis. Pour éponger les pertes en temps difficiles et empocher les gros gains gras en période de croissance! C’est ce qu’on appelle le risque d’affaires. Que monsieur Crevier prétende que l’ampleur de la crise le surprend me surprend énormément. Il démontre qu’il ne lit pas très souvent les pages financières de son quotidien ni les avertissements et analyses de gestionnaires de fonds de placement des filiales financières de Power Corporation. Ça fait un méchant bout de temps qu’ils anticipent des moments difficiles pour les quotidiens.
Autre particularité intéressante, en 2002-2003 Gesca s’est débarrassé de ses pressiers en confiant à Transcontinental le mandat d’imprimer ses quotidiens dans la nouvelle usine de l’est de Montréal. C’est une charge énorme qu’ils n’ont plus dans les jambes. 6 ans plus tard, La grosse Presse étouffe quand même et il coupe dans le contenu. Fin de l’édition du dimanche, 1 pouce de moins en largeur et fin des stages d’été pour les jeunes journalistes. Lorsqu’on est rendu à couper dans la relève, c’est que le jugement commence à être embrouillé!
La partie syndicale est bien prête à se faire botter le derrière, mais pas en gardant la tête dans le sable. «S’il faut mettre l’épaule à la roue, nous allons le faire, mais nous voulons d’abord vérifier les chiffres» a résumé une représentante syndicale. Ça va être difficile. LaPresse camoufle ses livres depuis des lustres. Gesca fond ses chiffres dans ceux de Power et celle-ci refuse toutes demandes de divulgation, même à ses actionnaires minoritaires. Rappelons que depuis des années, Yves Michaud et le Médac se battent pour obtenir les états financiers.
Bien que Power soit une société publique (qui sollicite les injections de capitaux des épargnants), elle se comporte comme si elle était privée et ne dévoile pas tout! Power Corporation s’est adressée au tribunal pour qu’il interdise cet accès jugeant que cela pourrait être «préjudiciable» pour la société.
En février 2008, Power a perdu une bataille, le juge Mongeon a accédé à la requête du MEDAC en lui octroyant la permission de demander à Power de consulter ses états financiers. Selon le juge, l’actionnaire doit avoir accès à la comptabilité complète d’une entreprise. « Autrement, l’actionnaire ne pourrait jamais apprécier le risque qu’il prend en acceptant d’investir. Empêcher un actionnaire de consulter les états financiers des filiales ou sous-filiales dont les résultats sont consolidés dans les états de la société en question conduirait à une aberration » Power a porté la cause en appel et a été entendue le 31 octobre 2008. La décision de la cour d’appel se fait attendre depuis.
Hier matin, je me suis entretenu avec le fondateur du Médac, Yves Michaud. Ironiquement, il trouve que les gestionnaires de LaPresse font pitié. Il suggère que Robert Gratton (ancien président de Power) qui touchait entre 40 et 50 millions par an et qui a cumulé des gains personnels de plus de 500 millions de dollars pourrait verser un don substantiel au syndicat. Selon lui: «Power oublie que la mission d’un journal est de servir et d’informer le public. La Presse n’est pas une entreprise personnelle de placement!» «Le syndicat a raison d’exiger de voir tous les chiffres avant de discuter»
Pourquoi s’entêter à cacher les chiffres? Mon humble avis, c’est qu’ils ont deux, trois cachettes là-dedans. Comme des ententes particulières avec la SRC, des déficits importants qu’ils traînent comme des boulets et/ou des contrats de pigistes offrants des ponts d’or à ses rédacteurs! Et votre opinion?
En terminant nous allons jouer au jeu de…lorsqu’il dit, il veut plutôt dire. Voici ce que je comprends des paroles de l’éditeur Guy Crevier!
Lorsqu’il dit:«Notre préoccupation, c’est de sauver La Presse» Il veut dire: «Notre préoccupation, c’est de ne pas demander à l’actionnaire de faire ce qu’il devrait faire: RENFLOUER!»
Lorsqu’il dit: «Le modèle d’affaires d’hier ne fonctionne plus, le modèle de demain n’est pas en place, et on se retrouve entre les deux au pire moment que l’on puisse imaginer.»
Il veut dire: “On ne sait pas d’où on vient, on ne sait pas où on s’en va mais, faites-moi confiance!”
Lorsqu’il dit:«Actuellement, nous brûlons 2 millions par mois»
Il veut dire: “… en exemplaires du Journal de Montréal! car on a tellement ciblé Quebecor dans nos gestes quotidiens, qu’on en a oublié notre mission.”
Lorsqu’il dit:« …le déficit de la caisse de retraite, qui atteint 113 millions, s’ajoute à ce manque à gagner.»
Il veut peut-être dire: “On n’aurait pas dû en placer dans les fonds de placement de la famille Power!”