Elle se paye vraiment notre tête la TV

Publié le 17 juin 2009 par Silexmt @silexmt
Une bande de yuppies ou preppies ou je ne sais trop quel genre de jeunes branchés éclatés dans le vent aux cheveux savamment décoiffés se réunissent pour faire un barbecue extrême ou whatever. "Nous sommes indépendants, libre-penseurs, nous avons notre saveur distincte, nous ne sommes pas pareils comme les autres, yadada, yadida..." Caméraman épileptique, bombardement en règle d'images en succession rapide, superimpressions en forme de graffitis, garrochage à tout va de mots-clés à la mode branchée (lire, noms de sandwichs qui finissent en -nis) tous les artifices de la coolitude de pacotille sont au rendez-vous. Les rebelles de demain sur lesquels le matin du grand soir se lèvera dans toute sa gloire ne seront pas réunis autour d'un drapeau révolutionnaire ou d'un quelconque idéal de renouveau libéraliste, mais autour d'une marque de mayonnaise.
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Bon là je vais arrêter le tir deux minutes, faut qu'on se parle. Il y a un sérieux problème, vraiment, sans niaiser, il y a quelque chose qui cloche de façon sévère dans la caboche du bon peuple. Quelque part dans une agence de marketing, des publicistes se sont tapés des heures de brainstorming, études de groupes témoins et autres cérémonies vaudous si chères aux control freaks compulsifs que sont nos grands-prêtres de la société de consommation et en sont arrivés à la conclusion que vous étiez tellement bêtes et dénués de personnalité qu'ils pourraient vous réduire à tenter d'affirmer votre identité par le truchement d'un pot de mayonnaise.
Non, mais là c'est rendu grave: je pense qu'il est grand temps d'effectuer un examen de conscience, vous trouvez-pas? Déjà l'idée de bâtir une sous-culture autour d'une marque est déjà assez téteuse merci, mais le faire avec une marque de mayonnaise, ça relève de la caricature. S'identifier à une marque d'auto, d'ordinateur, de jeans, c'est poche, c'est nul mais au moins il y a une certaine logique, je peux visualiser. Mais de la mayonnaise? Quelle sorte de pulsion psychologique c'est censé éveiller dans mon subconscient, c'est supposé évoquer quoi à mes yeux, du sperme? Le lait nourricier? Et l'esprit d'indépendance, l'individualisme indompté des grands mouvements étudiants, je le trouve où dans la mayonnaise? Moi-même qui a pris pleinement conscience de la bêtise du phénomène, je ne suis pas immunisé contre l'identification au produit: j'ai déjà pris la ferme résolution il y a des années de cesser de penser comme un ostie de fan-boy de mac, mais les rechutes sont fréquentes.
Mais là ciboire on parle de mayonnaise. Ça va pas, ça va plus du tout, faites de quoi, ça peut plus durer, on nous prend vraiment pour des cons. La top-modèle wannabe qui shake son gros pot de mayonnaise devant la caméra s'imagine peut-être avoir de l'attitude et du glamour, mais en ce qui me concerne elle a juste l'air d'une épaisse de calibre international.
Ah pis oui, je le sais, Miracle Whip c'est pas de la mayonnaise, mais de la "sauce à salade". Crisse, scusez pardon monseigneur, sauce â sâlââââde. Big fucking hairy deal.