Tout le monde glosera sans doute sur l’énième transgression sarkozyenne : non content de squatter les médias d’actualité, il squatte aussi la (fausse) fiction maintenant ! Marrant : tous les protagonistes réels de l’affaire sont interviewés au milieu de la fiction (la directrice, les keufs, Pasqua, etc.). Tous, sauf Sarkozy. On ne verra, semble-t-il, que son acteur. Bref tout le monde glosera : faut-il vraiment, par ce genre d’initiative, continuer de tresser sa légende ? etc. etc. Ce sera sûrement ça demain, le débat du jour, avant d’être remplacé après demain par une autre question tout aussi cruciale.
Mais moi j’ai décidé que ce blog n’en avait rien à foutre de tout ça, et que ce blog n’était pas assez romantique et pas assez centré sur les tracas féminins. Or romantisme rime avec optimisme, je signale donc cet article plein d’espoir signé Glamour d’octobre (j’avais fait Cosmo naguère, au tour de Glamour cette fois). Qui a dit que les comportements humains étaient captifs d’un déterminisme de mauvais aloi ? Glamour nous prouve le contraire au travers d’une série de témoignages intitulés « Se remettre à y croire » (P.62 et suivantes).
J’ai choisi le témoignage de Valérie, 36 ans. Je trouve que c’est le meilleur. Elle explique d’abord pourquoi elle avait arrêté d’y croire.
"J’ai vécu une accumulation d’échecs amoureux. Je suis devenue blasée, partant du principe que le schéma était toujours le même et que j’en avais marre de me prendre des murs dans la tête."
Elle a raison Valérie, souvent les psys vous expliquent que vous avez un schéma de fonctionnement, que vous reproduisez encore et encore, que vous en êtes en quelque sorte prisonnier. C’est ce que croyait, de fait, Valérie, qui se prenait pour Ayrton Senna.
"Tout est parti d’une relation qui m’a fait énormément souffrir. (…) avec cet homme-là, j’avais laissé tomber mes défenses, je n’avais pas envie de me protéger."
Eh oui, la fameuse relation qui fait énormément souffrir, celle dans laquelle vous investissez tout, mettant à bas toute pudeur, toute retenue, vous livrant totalement. On en a tous connu.
"Pourtant, je savais qu’il y avait quelqu’un, mais sur le moment, j’ai voulu y croire."
Alors là on se met quand même à bizarrement moins la plaindre, Valérie. Elle avait bien commencé, elle nous avait apitoyés, mais là elle est en train de nous expliquer (si j’ai bien compris) que le type était déjà maqué. On a donc envie de lui dire attends, si toi t’avais pas capté que forcément t’allais dans le mur t’aurais dû nous demander notre avis, on te l’aurait dit nous ! Alors ok tu te plains mais tu l’as un peu cherché quand même ! Bref.
"Après cette histoire, je me suis repliée sur moi, j’ai commencé à fuir les hommes. (…) Quand ils se décourageaient, je pouvais à nouveau me dire : ‘ben voilà, typique ! Ces mecs, tous des connards !’ "
Fin de la première partie. Nous laissons Valérie prise au piège. Un piège dans lequel elle s’est elle-même enfermée. L’image de la roue (‘despite all my rage/I’m still just a rat in a cage’ = c’est de qui ? toute mon estime à celui qui trouve !) s’impose à nous.
Mais seulement voilà. Elle est pas si conne la Val, elle a du recul, elle veut s’en sortir. Du coup la deuxième partie de l’article commence. La lueur, le déclic.
"Ca a été très long, ça a pris plusieurs années. Ce qui m’a déverrouillée, c’est d’aller voir une psy. (…) J’ai beaucoup travaillé sur ces sujets."
Ben ouais. Les choses, elles tombent pas toutes crues. Faut beaucoup travailler. Cf Nicolas Sarkozy, et pleins d’autres. Mais au bout du compte, quand on sue de son front, la récompense.
"Je partais du principe que rien de bien ne pouvait m’arriver. (…) Ma psy m’a fait comprendre que c’était un faux problème, une façon de me protéger de la souffrance de nouvelles rencontres."
Ah, voilà ! Le tout, effectivement, c’est de comprendre l’origine du mal. Le côté masochiste de son comportement. Une fois la prise de conscience, une fois le diagnostic posé, alors on peut s’attaquer au mal et le terrasser. Ah ben justement, tiens.
"Je sais maintenant que mes échecs sont en partie de ma responsabilité (…) Les hommes qui m’attirent ont aussi changé : ils sont moins autodestructeurs, plus respectueux envers moi. J’ai cessé d’être attirée par des mecs méchants."
Du coup, le moment de la morale (genre La Fontaine) arrive. J’ai le regret de dire que c’est quand même pas la méga épiphanie top délire mais bon, désormais Val elle est philosophe, moins exigeante envers elle-même, donc elle relativise avec le sourire.
"Du coup, j’ai rencontré un homme cool. Notre histoire est finie, mais je suis détendue, je ne la considère pas comme un échec, on continue à se voir en amis. Et qui sait…"
Voilà, moi je dis que c’est une belle leçon. Sûrement bien plus profonde et opératoire que le sauvetage des gosses par Nico. Même si lui c’est un authentique héros, Nico, et que je trouve que la télé elle a bien raison de le souligner.