Aujourd'hui, on défile contre Ahmadinejad à Téhéran, des manifestants tombent pour verser quelques gouttes de démocratie dans le régime peu soluble des mollahs. Mais que les Iraniens se rassurent. L'intransigeance des barbus et les martyrs de la place Haft-é Tir ne feraient pas reculer le CIO longtemps, si d'aventure en 2020 l'Iran se mettait sur les rangs. D'abord, parce qu'en matière géopolitique, les hiérarques aux anneaux s'alignent le plus souvent sans rechigner sur les despotes. Un exemple : ces derniers jours, les seuls à reconnaître sans broncher la supposée victoire électorale d'"Atomic Mahmoud" sont les gouvernements autoritaires chinois et russes.
Le premier, a accueilli les Jeux d'été 2008 en dépit d'un profond malaise international, le second accueillera les Jeux d'hiver à Sotchi en 2014, sur fond d'expropriations massives et de saccage des richesses naturelles d'une région qui, foi de Poutine, fera risette à l'olympisme coûte que coûte… Dans ce contexte, l'hypothèse Téhéran n'a rien d'extravagant. Selon la jolie fable, encore fort répandue du côté de Lausanne, qui voudrait même que les vertus thaumaturges de l'olympisme aident les régimes les plus fermés à s'intégrer dans le concert des nations, l'idée pourrait faire son chemin.
Amis Iraniens, serrez les dents ! Si le train de la démocratie vous passe une nouvelle fois sous le nez, faites contre mauvaise fortune bon cœur. Vous aurez peut-être droit à ce second tour olympique qui fait s'ouvrir jusqu'aux plus profonds océans d'incompréhension comme la mer Rouge devant Moïse. Avec les JO, tout devient plus simple, les dictatures se teintent de bleu, rouge, jaune, noir et vert, les couleurs des anneaux convoités. Une fois les Jeux terminés et les déficits creusés tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Demandez aux Tibétains ou aux dissidents chinois, la vie est beaucoup plus douce pour eux aujourd'hui. Les larmes des paysans du Caucase, spoliés de leurs terres par la loi d'expropriation olympique prise par le gouvernement russe sont de joie, ne vous y trompez pas ! Alors, très cher peuple iranien, ne désespère pas. Avec ou sans démocratie, l'olympisme tôt ou tard sera aussi là pour toi…