Imaginez un mauvais film américain des années 80, mettons un Adrian Lyne ou un Tony Scott. Songez à ses éclairages filtrés, à son kitsch rutilant… Oui, je sais, c’est dur, mais parfois il faut
faire des efforts…
Maintenant, essayez de vous remémorer les B.O. de ces films, les trucs du genre Survivor pour Rocky, Jean Beauvoir pour Cobra ou Irene Cara pour Flashdance…
Ca fait peur, hein ?
Songez maintenant à Europe, mais à Queen aussi. Aux parties de guitare aussi basiques que funky de Big Soul. Et puis à ces trucs typiquement eighties et mainstream comme Katrina and the Waves.
Trempez les dans un bain de disco. Assaisonnez de métal et de glam, et ça peut vous donner une idée très lointaine de ce à quoi ressemble l’ovni Fancy...
Surtout, il y a le look. Incroyable. Assumé. Loin du chic "eudelinien" dictant aux néo-rockers comment s’habiller.
Les patronymes aussi : Jessie Chaton, Mom, Rae Mone.
Tout ce que The Darkness a raté il y a trois ans dans son opportuniste volonté de réhabiliter le hard rock des années 80 (pouah !), Fancy le réussit haut la main.
Parce qu’ils y croient, eux, c’est évident.
Parce qu’ils ne se contentent pas de se déguiser, parce qu’ils sont comme ça et qu’ils ont, innée, l’attitude imparable.
Parce qu’ils ont pris le temps enfin. En 2004, Seventeen apparaissait sur la compil "CQFD" des Inrockuptibles. La même année, le fabuleux King of
the World enflammait le disque collectif Le nouveau rock’n’ roll français, juché fièrement en haut de l'estrade juste à côté de The Film ou d'AS Dragon. Les deux morceaux reviennent
sur l’album qui sort aujourd’hui. Le trio a attendu trois ans pour le sortir ce disque. Sur un petit label québécois. Cela n’a rien d’un "coup". Cela témoigne plutôt d’une démarche mûrement
réfléchie, tandis que le "buzz" montait autour du groupe pour tous ceux qui les avaient vus sur scène (à Rock en Seine pour ma part, c’était l’an dernier et je n’en suis toujours
pas revenu).
Ils font du rock n’roll pour devenir des héros, disent-ils, c’est tout le mal qu’on leur souhaite.
Kings of the Worlds, ce n’est pas
seulement le titre de l’album, c’est un programme. Devenir roi, certes, mais aussi réconcilier les différentes tribus, tous les mondes du rock.
Cet album est sorti hier, le même jour que le sobre White Chalk de PJ Harvey. Je vous en aurais bien parlé aussi de ce beau disque, mais j’étais
d’humeur frivole et Arbobo s’en est déjà chargé remarquablement par ici.
Fancy, donc. Loin du piano mélancolique de Polly Jean.
Pas un hasard si le troisième morceau partage son titre, Dressed to Kill, avec l’un des films les plus emblématique de Brian de Palma. Car Fancy, c’est du maniérisme pur jus, une façon
de s’emparer des figures du genre, de les tordre, les travailler et les épuiser jusqu’au grotesque. Jusqu’à frôler, c’est selon, le génie ou le ridicule.
Cette voix haut perchée, enfantine parfois, ces riffs vulgos, ces chœurs fleurant bon le mauvais goût assumé, cette énergie outrancière et débridée, on n’est
pas obligé d’aimer. On peut même détester.
Fancy va sérieusement diviser, c’est certain. "Diviser pour mieux régner", dit l’adage…
Allez donc vous faire une idée sur leur MySpace, ils ont eu la bonne idée d’y mettre tous les titres en écoute.
http://www.myspace.com/welovefancy
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Again ?
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