A Clairoix dans l’Oise, plus grande usine fermée en France depuis la crise, les salariés de Continental qui auront 52 ans avant décembre 2009, ont obtenu la garantie d’avoir 80% de leur salaire jusqu’à la retraite grâce à une sorte de contrat d’assurance, assimilée par la CGT à une “retraite-maison”.
Selon l’entourage du secrétaire d’Etat à l’Industrie Luc Chatel, il y a eu des demandes de préretraites financées par l’Etat qui ont été refusées, et pour le gouvernement, qui a joué les médiateurs et contresigné l’accord, ce “parachute” offert aux plus de 52 ans n’a rien d’”antinomique” avec l’emploi des seniors.
“52 ans, ça fait jeune aujourd’hui, mais ces dispositions ne les concerneront que quand ils auront 57 ou 58 ans, dans le cas hypothétique où ils n’auront pas retrouvé de job“, selon la même source.
Une centaine de “Conti”, selon la CGT, sur les 1.120 bientôt licenciés sont concernés par ce mécanisme: ils seront 23 mois en congé de reconversion, puis 36 mois au chômage. En fin de droits, s’ils touchent le RSA, le fabricant de pneus leur versera un capital leur garantissant 80% du salaire jusqu’à la retraite.
Cette solution évite la taxe à payer au Fonds de solidarité vieillesse sur les préretraites maison, alourdie en 2007.
Des départs à 52 ans sont rares, mais pas inédits. De mémoire de syndicaliste, on cite la jurisprudence Chausson (équipement automobile), dont des salariés avaient obtenu dans les années 90 des mesures d’âge dérogatoires de préretraite anticipée à 49 ans et 3 mois.
Chez Arcelor (départs volontaires) et Total (dispenses d’activité), les salariés concernés sont les 57, 58 et 59 ans.
Pour Continental, la CFDT dit “comprendre l’intérêt individuel des salariés de plus de 50 ans qui ont peur et voient ainsi leur avenir assuré”.
“Mais sur le plan collectif, c’est effroyable, ça pose la question de l’intérêt général et de l’égalité de traitement entre salariés. En plus, c’est la collectivité qui paye puisque c’est un complément de salaire“, a réagi à l’AFP Marcel Grignard, secrétaire national.
Force Ouvrière, sur une ligne opposée, souhaite depuis le début de la crise rouvrir “par pragmatisme” le robinet des départs en préretraite.
“Les salariés de Continental ont obtenu de bonnes conditions par leur lutte, tant mieux! Mais il faut aborder le problème au niveau national. On n’y coupera pas pour des gens qui auront 58 ou 59 ans”, explique Stéphane Lardy, secrétaire confédéral.
Dans ses cartons, le gouvernement a une solution différente, pas totalement bénigne pour les finances publiques: le tutorat de jeunes salariés par les seniors.
L’avantage, pour les entreprises, serait de conserver leurs salariés âgés tout en touchant une subvention correspondant au temps consacré au tutorat. Et pour le gouvernement de ne pas se départir de son discours anti-préretraites.
L’Etat finance de moins en moins de préretraites mais cela s’accompagne depuis 2002 d’une augmentation “très sensible du nombre d’entrées en chômage indemnisé des personnes de 55 ans et plus“, selon le ministère du Travail.
En 2007, 10.400 salariés du privé –principalement d’ex-travailleurs exposés aux dangers de l’amiante– sont entrés dans un dispositif de préretraite financé par l’Etat, neuf fois moins qu’en 1996.
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