L’hôtel Le Coq Gadby fête ses 106 ans. Alors, lorsque Véronique Bregeon, 4ème génération à la tête de cet établissement 4 étoiles, se trouve confrontée à la question de la pérennité de son entreprise, autant dire que le sujet est sérieux. Dans l’optique d’agrandir ce petit hôtel de 11 chambres, décision a été prise début 2007 de se lancer dans un chantier de construction d’un nouveau bâtiment mitoyen respectant bien avant l’heure les normes HQE. Des travaux terminés à l’été 2008, date d’ouverture du nouvel éco-hôtel.
Le développement durable, la solution
Hormis le fait que l’époux de Mme Bregeon soit le fondateur du « collège des hautes études de l’écologie et du développement durable », et qu’il a, à ce titre, participé activement au Grenelle de l’environnement, le choix de l’éco-conception pour la réfection et l’agrandissement de son hôtel, était tout tracé pour la directrice du Coq Gadby. L’entreprise fût alors inscrite en tant qu’hôtel pilote éco-conçu, et bénéficia d’un pré-audit, en collaboration avec l’Afnor et la Chambre de commerce. Aidé par un architecte spécialisé, l’hôtel éco-conçu prit forme sur le papier. Objectif : en faire un bâtiment HQE.
Etre le premier hôtel à se lancer dans l’éco-construction « à la sauce HQE » n’a pas été une sinécure. « Les périodes d’appels d’offre et de construction furent laborieuses, explique Véronique Bregeon. Beaucoup d’entreprises traditionnelles ont reculé devant les contraintes de l’éco-construction. Certaines, bien heureusement, se sont lancées, un peu à l’aveuglette. Nous avons avancé et appris main dans la main, nous étions des sortes de testeurs HQE ». Le chantier a révélé son lot de surprises. Les panneaux de bois pour le nouveau bâtiment sont arrivés de façon un peu incongrue, sur trois semi-remorques, en pleine ville de Rennes et le montage ne dura qu’un mois et demi. Ce fût donc rapide et surtout, au grand étonnement des entrepreneurs et des ouvriers, novices en la matière, tout s’est passé sans bruit, ni poussière.
Pour l’écorce intérieure du bâtiment, le choix des produits locaux s’est encore imposé, de l’ardoise, et sur les murs, de la chaux nourrie au savon noir. Sur le toit, des panneaux solaires pour le chauffage, et un système de récupération d’eau de pluie pour les chasses d’eau et l’arrosage du jardin.
Le parcours du combattant pour débloquer des fonds
L’esthétique, le confort, la rapidité, le cahier des charges « HQE »… Tout cela a évidemment un prix : environ 30% de plus qu’une construction traditionnelle. Et alors que les banques affirment militer pour les actions en faveur du développement durable, il semblerait qu’il y ait parfois des exceptions. « Pourquoi vous ne faites pas un hôtel comme tout le monde ? », petite phrase de banquier que Véronique Bregeon connaît trop bien.
Il aura fallu une fervente envie de mener le projet à bien. Après un petit parcours du combattant pour débloquer des fonds, une épopée pour dénicher un entrepreneur qui n’ait pas peur des contraintes de l’éco-construction, Le Coq Gadby a bien grandi, prêt à accueillir un nouveau tourisme urbain mais résolument « vert ».
Source : par Cécile Castellan | Cleantech Republic | 12.06.09