Les délocalisations sont devant nous ?

Publié le 17 juin 2009 par Christophefaurie

Richard Baldwin fait état d’une étude qui estimerait à 30 ou 40 millions les pertes d’emplois du secteur des services causées aux USA par la combinaison des faibles salaires émergents et des nouvelles possibilités des télécoms.

Il fait remarquer que les choses ne se passent pas comme cela : les emplois ne sont pas éliminés mais déplacés. Les millions perdus sont recréés ailleurs. Les services que peut produire l’Inde ne sont pas ceux que peut produire l’Amérique, par conséquent l’Inde achètera les services de l’Amérique et réciproquement, de même que les voitures allemandes n’ont pas condamné la production française.

Heureusement qu’il en est ainsi : l’économie mondiale est un échange. Si un pays ne peut pas acheter, parce que son peuple est au chômage, l’autre ne peut pas produire. Par conséquent, il est fort difficile de voler des emplois sans que ça vous retombe sur le nez.

Et ce n’est pas comme cela que ça se passe ordinairement. Un ami travaille avec les USA, il a sous-traité la partie la plus simple de sa « relation client » au Pakistan. Cela lui permet de se dégager de cette tâche qu’il n’aime pas et de faire ce qui compte vraiment pour ses clients, dont il multiplie le nombre.

On est dans une situation qui ressemble à celle de l’automatisation. Il y a gain de productivité pour une personne donnée. Le temps dégagé lui permet de développer des compétences qui jusque-là n’étaient pas présentes, d’enrichir le monde de ce qu’il ne connaissait pas.

Mais tout n’est pas rose. Comme le dit Alfred Sauvy, la machine ne crée pas le chômage, par contre elle force le pays à de douloureux changements, et ces frottements sont, eux, responsables du chômage. Il suggérait que l'état guide la transition, un genre de flexisécurité danoise.

Compléments :

  • SAUVY, Alfred, La machine et le chômage, Dunod, 1993.