L'épopée mandingue en musique.

Publié le 03 juin 2009 par Bricabraque

Le vaste empire de Sundjata Keita s'étendait du Sénégal à l'ouest jusqu'au centre du Niger à l'est et du centre du Sahara au nord au sud de la Côte d'Ivoire. Cet espace prospère fut dirigé pendant plusieurs centaines d'années par des souverains puissants dont nous avons gardé le souvenir grâce aux djeli, plus connus sous nos latitudes sous le nom de griots.

 Le Mali se situe au point de rencontre des grandes routes caravanières qui reliaient l'Afrique du nord au reste du continent. Ce commerce qui reposait autrefois sur les échanges d'or et d'esclaves contre des marchandises, a favorisé le développement de villes comme Tombouctou, Gao ou Djenné.

* La légende de Soundiata Keita.

C'est au XIIIème siècle que le petit royaume du Mandé (ou Mali) prend son essor. L’histoire de Soundiata Keïta est essentiellement connue par l’épopée racontée de génération en génération jusqu’à nos jours par les griots, et ainsi analysée par Seydou Camara : « Cette « épopée » aux tonalités légendaires est un mélange de souvenirs réels et de motifs de conte ; c'est, autrement dit, une construction littéraire qui évoque l'histoire locale parasitée par le thème universel du héros classique. »

Naré Maghann Konaté, le père de Sundjata, était un souverain mandingue, à la tête d'un petit royaume. Un chasseur lui affirma qu'une femme laide lui donnerait un fils qui deviendrait un grand souverain. Le monarque se souvint de la prophétie lorsqu'on lui présenta une femme hideuse, Sougoulou Konté. Cette nouvelle épouse lui donna un fils: Sundjata Keïta.

Malingre, le petit garçon éprouvait des difficultés pour marcher. Ses jambes, molles, se dérobaient sous lui. Infirme, il devait donc ramper, arc-bouté sur ses bras. A quatre ans, il ne savait toujours pas marcher. Pourtant, la prédiction affirmait qu'il deviendrait un jour un grand roi.

La mère de Soundiata, Sougoulou Konté, fut prise en grippe par une des autres épouses du père de Soundiata. Cette Sassouma Berte avait juré la perte de la mère et de son rejeton. Or, le fils de Sassouma, Dankaran Toumani Keita, accède au trône à la mort de son père, en 1218. La vie devient alors un véritable enfer pour Soundjata qui n'a d'autre choix que de s'exiler au royaume de Mena. Entre temps, un forgeron lui a donné une barre de fer, qui lui permet enfin de pouvoir se redresser et de marcher normalement (Sundjata a alors 7 ans).

Carte de l'empire du Mali.

Pendant ce temps, Soumaoro Kante, roi du Sosso, ravage les terres du Mande et menace directement le royaume mandingue. Il tient la soeur de Soundjata captive, ainsi que le griot de la famille. Le demi-frère de Soundiata, Dankaran Toumani Keita, qui règne théoriquement, a pris la fuite après une déroute contre Kanté. Soundjata fait alors figure de sauveur et de libérateur du Mandé. Une cohorte d'émissaires se rend à Mena et le convainc de libérer son pays du joug du tyran, qui pressure et exploite le Manden depuis 3 ans. La popularité de Soundjata inquiète Kante; d'autant plus que des sorciers lui ont affirmé "ton vainqueur naîtra au Mali". Mais, Soumaoro, familier des forces occultes, disposait de pouvoirs surnaturels qui le rendaient insensible aux flèches. En retour, Soundjata sait aussi pouvoir compter sur sa soeur, Djegue. Contrainte de coucher avec Soumaoro, elle perce le secret de l'invincibilité du roi du Sosso. Pour annuler ses pouvoirs, il faudrait ainsi le toucher au talon avec une flèche confectionnée à partir d'un ergot de coq blanc.

Sunjata Keita se redresse grâce à une barre de fer.

A la suite d'une rébellion des Mandé, Kante entend en finir et se lance à l'assaut de ses sujets récalcitrants. Soundjata s'emploie alors à lever une armée qui comprend notamment Fakoly Kumba (un des aïeux de Tiken Jah Fakoly) l'ancien chef de son armée. Il reproche notamment à Kanté d'avoir enlevé son épouse. Les deux armée s'affrontent lors de la bataille de Kirina, en 1235. Soundjata vise son adversaire avec la flèche spéciale, annulant aussitôt tous ses pouvoirs de magicien. Certains racontent que le tyran disparut instantanément, d'autres expliquent qu'il se réfugia dans les montagnes de Koulikoro. Par vengeance, Soundjata ravagea le Sosso, coeur du royaume de son adversaire. Soundiata prit alors les rênes de l'empire du Mande dont il étendit considérablement les frontières.

L'empire du  Mali (du 13ème au 17ème siècle) s'étendait du sud du Sahara jusqu'à la côte atlantique. Il a pour coeur la vallée du Niger. Les principales villes sont Niani, en pays malinké, Djenné, grand carrefour commercial et les trois étapes sahariennes de Oualata, Tombouctou et Gao. Un empire si prestigieux que son nom sera d’ailleurs repris en 1960, lorsque le pays devient indépendant.

* L'histoire.

Après l'éclatement de l'empire du Ghana, le petit royaume soninke du Sosso, gouverné par Soumaoro Kante, étend sa suzeraineté sur toute la région comprise entre les fleuves Sénégal et Niger, devenant un des plus puissants de l'Afrique de l'ouest.   Il tente d'abord de passer des alliances avec les petits souverains mandingues à la  périphérie de son territoire. En vain, ces derniers le méprisent du fait de son appartenance à la caste inférieure des forgerons. Désormais, Kanté sème la terreur dans le pays mandingue. En 1224, Soumaoro Kanté entreprend une importante campagne afin d'annexer le Mandé. Il attaque notamment un petit royaume fondé dans la région du haut Niger par le clan des Keita.

Le redoutable Soumaoro Kanté.

Il met alors en fuite le souverain Dankaran Touman, frère de Soundjata Keita, alors en exil à Méma, près du lac Debo. Ce dernier, appuyé par plusieurs souverains des royaumes environnants, finit par prendre les armes contre Kanté. De nombreux affrontements opposent alors les deux armées. Après la défaite de Kankignè, Soundjata se venge en triomphant à la bataille de Kirina, en 1235. Kanté capitule et Soundjata s'impose alors à la tête de l'empire du Mali.

Après la reddition de Kanté, Keïta annexe le royaume du Ghana, exsangue. Il prend le titre de mansa ("chef suprême"). Durant son règne, de 1235 à 1255, il réussit à unifier tous les clans malinké du Mandé au sein d'un seul et unique royaume, avec Niani pour capitale. La prospérité de l'empire repose notamment sur l'extraction de l'or (les mines du Bouré paraissaient inépuisables), permettant un commerce florissant. La stabilité de l'empire est propice au trafic caravanier qui reprend son essor. Du nord provient le sel, le cuivre, les tissus, ainsi que les produits manufacturés venus d'Europe. Du sud partent les épices, l'ivoire, la kola, l'or et les esclaves. Dans le domaine agricole, l'empire du Mali développe bientôt la culture du coton et de l'arachide.

* Les successeurs de Soundjata

Son fils Mansa Oulé, qui règne de 1255 à 1270, étend l'empire vers l'ouest, jusqu'à l'océan Atlantique. Mais, ses héritiers se disputent son trône qui échoie finalement à Sakoura, un esclave affranchi (1285-1300). Musulman, il entreprend un voyage à la Mecque. C'est au retour de ce pélerinage qu'il est assassiné par des pirates. Les Keïta récupèrent alors leur trône. Abou Bakari II, puis Kankou Moussa. Ce dernier accède au pouvoir en 1312 (son père vient de ce noyer dans une grande expédition navale sur les côtes atlantiques). Il soumet les touaregs du nord. Musulman pratiquant, il se rend en pélerinage à la Mecque en 1324, escorté par une caravane regorgeant d'or. De retour dans son empire, il appelle à sa cour de nombreux lettrés maghrébins qui contribuent en retour à la renommée de leur protecteur. Tombouctou, où Moussa fait construire la mosquée Djingareiber, devient ainsi un véritable centre intellectuel, prospère grâce à l'intensité du trafic caravanier.

Depuis l'époque de Sounjata, le pouvoir est décentralisé. A la tête de chaque province du royaume, l'empereur place un gouverneur, qu'il peut révoquer à tout moment. Dans les royaumes vassaux, les souverains doivent allégeance à l'empereur. Cuivre, fer, coton, or, taxes et droits de passages participent à la prospérité du règne de Kankou Moussa.

* Une société hiérarchisée.

En Afrique, on appelle généralement ehnie un peuple ou un groupe humain ayant un héritage culturel commun. La diversité des ethnies qui composent le Mali constitue sans doute  une force pour ce pays, d'autant plus que l'entente, ou en tout cas la coexistence pacifique entre elles l'emporte. Les guerres jalonnent l'histoire du pays s'expliquent avant tout par les ambitions des chefs de guerre. Les nomades (15% de la population malienne) comprennent les Touaregs, les Maures et les Peuls. Les sédentaires se répartissent quant à eux entre le groupe mandingue, qui représente la moitié de la population du pays (Malinké, Sarakolé, Bambara, le groupe voltaïque (Sénoufo, Dogon, Bobo), le groupe soudanien avec les Songhaï et enfin quelques groupes minoritaires tels que les Toucouleur (voir la carte ci-dessous). 

A l'intérieur de ces ethnies, on distingue des lignages, dont la généalogie fait remonter la parenté sur plusieurs générations jusqu'à un ascendant unique. Le ligange a son tour est subdivisé en clans ou tribus qui regroupent plusieurs familles.

Chez les Malinkés, un système de castes organise la société, autour de 3 grandes catégories:

- Les horon sont les nobles. Représentants des fondateurs de l'empire et de leurs alliés, souvent cultivateurs, chasseurs ou commerçants, ce sont eux qui dirigent la communauté;

- les jon (les captifs) qui sont généralement descendants d'esclaves affranchis;

- Les niamakala ou gens de castes se divisent en numu (forgerons), garanké (coordonniers) et djéli (griots). Dans le cadre de cet article, ce sont bien sûr ces derniers qui vont retenir notre attention.

Les griots jouent un rôle fondamental dans la société mandingue. Ils forment une caste à part. Leur statut se transmet de génération en génération. Détenteurs de la mémoire et de la tradition, ils restent les garants du bon fonctionnement de la communauté. Ils font ainsi office de conservateurs en tant qu'uniques dépositaires de la généalogie des familles, dans une société orale (en Afrique de l'ouest, l'enseignement et l'histoire se transmettaient à l'oral ce qui fit dire à Hampâté Bâ qu'en "Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle."). Ils constituent alors la clef de voûte de la société mandingue. D'ailleurs, au Mali, les griots sont connus sous le nom de djeli ("le sang"). Comme le signifie le terme, le djeli représente le "sang" du corps social. Ce personnage, attaché au prince ou aux hauts dignitaires du régime, connaît la jurisprudence, la constitution. Il joue aussi un rôle de précepteur auprès des enfants. C'est lui qui mémorise et transmet l'histoire, lui qui chante les louanges et les hauts faits des familles princières, auxquelles il sert aussi de porte-parole.

Rien ne se décide sans eux. Médiateurs, ils se chargent souvent de régler les conflits et jouent fréquemment le rôle d'intermédiaire entre le souverain et ses sujets. Bref, ils jouent un rôle de ciment social fondamental. Sa parole, chantée, et souvent accompagnée d'instruments, fait autorité. Sa maîtrise du verbe est sans égale (la qualité des métaphores utilisées permet ainsi de mesurer le talent du griot).Les jelys seraient apparus à l'époque de Sundjata Keïta. Ce dernier ne sépare jamais de Balla Fasséké, son griot attitré. Jusqu'au XVIIIème siècle, less griot jouent et chantent surtout pour les nobles, tout en se rendant parfois dans les villages. A partir de cette époque, ils se tournent vers un public plus populaire, participant par exemple à des événements particuliers (naissance, mariage, funérailles). Ceux pour qui ils chantent leurs font des présents qui constituent leurs ressources. Aujourd'hui, le rôle du griot s'est banalisé et a perdu de son prestige. Dans les villes, ils deviennent souvent des artistes professionnels utilisant des instruments modernes.

Le rôle assigné aux griots en fit des personnages puissants (dans cette culture orale, ils étaient dépositaires de tous les traités et accords verbaux), craints et dont les nobles se méfiaient. Ainsi, ils avaient interdiction d'épouser des nobles et donc de s'allier aux lignées royales.

Le Mali se compose d'environ une vingtaine d'ethnies. Les Bambaras, les Malinkés (Minianka sur cette carte), les Sarakolés et les Soninkés forment le groupe mandingue. Les Dogons vivent sur la falaise et le plateau de Bandiagara. Au Nord, on trouve des peuples nomades tels que les Touaregs (vivant d'élevage et du commerce du sel dans le sud du Sahara), les Peuls, des pasteurs concentrés dans la région de Mopti, enfin les Maures, aux abords de la frontière mauritanienne. On peut aussi citer les Sénoufos, les Bozos... (carte Artheos).

* L'épopée de Soundjata chantée par les musicens.

Dans l'empire domine la civilisation malenke (celle du Mandé, la province d'origine de Sundjata), qui a laissé un puissant héritage musical. Et de fait, en terre mandingue, histoire et musique sont intimement liées. Depuis la fondation de l'empire, les jelys perpétuent la geste des empreurs. Gardiens de la tradition orale, ils restent les garants de la mémoire. La transmission se fait de de père en fils après un long apprentissage. Les griots sont aussi des musiciens qui s'accompagnent de la kora, du ngoni, du balafon ou du xalam. Dans leurs morceaux, ils rappellent la genèse de l'empire mandingue, les hauts faits des puissants auxquels ils restent attachés. Parfois, ils reviennent sur une partie de chasse miraculeuse ou une fête mémorable.

Les seigneurs apprécient donc la compagnie de ces musiciens-historiens qui retracent leur généalogie et leurs exploits, de génération en génération. Les griots jouent même parfois un rôle de conseillers du prince, une fois la confiance de ce dernier gagnée. De nombreuses chansons modernes louent Soundiata et narrent ses exploits, faisant du personnage le symbole de l'unité du mandingue, et par extension de l'Afrique.

Une kora. Cette sorte de harpe représente l'instrument par excellence des griots. Elle se compose d'une calebasse qui sert de caisse de résonnance, d'un manche en bois d'où rayonnent 21 cordes de nylon. Tenant l'instrument face à lui, le musicien pince les cordes à l'aide du pouce et de l'index des deux mains.

Le Bala ou le Balafon est un xylophone sur cadre composé de lames de bois dur. Sous chaque lame est fixée une calebasse plus ou moins grande. Une petite pour une lame aiguë, une grosse pour une lame grave.

1. Boubacar Traore: "Soundiata". Ce guitariste bluesman est particulièrement adulé au Mali depuis ses débuts au cours des années 1960. Si sa carrière a connu des éclipses, la qualité de son jeu ne s'en est jamais ressenti.

2. Mory Kanté: "Soundiata (l'exil)" (1975). Ce joueur de kora guinéen appartient à une prestigieuse lignée de griots. Dès l'enfance, il acquiert une grande renommée en jouant dans les fêtes de quartier et les mariages. Il apprend alors à jouer de la kora auprès du grand maître malien Batourou Sékou Kouyaté (voir titre 6). En 1971, il intègre le rail band de Bamako en tant qu'instrumentiste, avant d'en devenir le chanteur lorsque Salif Keïta quitte le groupe pour rejoindre les Ambassadeurs (ce dernier supporte mal la concurrence de Kanté, dont la voix puissante tranche avec sa voix aigüe). Au cours des années 1980, installé en France, il remporte un immense succès avec son titre Yéké Yéké (1987).

Sur ce titre de plus de 25 minutes, Mory Kanté illustre une partie de la saga de Sundjata Keïta, la période de l'exil. Laissez-vous envelopper et porter par ce chef-d'oeuvre absolu!

3. Salif Keita: "Sunjata" (1970). Cet immense chanteur fut longtemps considéré comme un paria. En tant qu'albinos, il eut à subir les quolibets et moqueries, ensuite, sa vocation musicale déplut fortement à sa noble famille qui le renie. Au début des années 1970, il devient le chanteur du Rail Band du buffet de la gare de Bamako. Sa voix d'or y fit des merveilles, comme sur ce chant dans lequel il narre les exploits de Sundjata.

4. Tiken Jah Fakoly: "Sundjata". L'autre grand reggaeman ivoirien (avec Alpha Blondy) multiplie les chansons engagées dans lesquels il dénonce le néocolonialisme qui maintient de nombreux pays africains dans une dépendance stérile, mais aussi les régimes autoritaires encore trop nombreux sur le contitent. Ses prises de positions tranchées le contraignirent à quitter la Côte d'Ivoire pour le Mali. Il revient sur son attachement à la figure tutélaire de Sundjata Keïta: " J'ai chanté Sundjata car cet homme a libéré mon peuple et changé l'histoire du Mandingue. Mon père me racontait son histoire, les griots autour de moi le chantaient, et puis j'ai lu des bouquins."

5. Kélétigui et ses Tambourinis: "Soundiata". Kélétigui et ses tambourinis, emmené par le saxophoniste Kélétigui Traoré, est l'un des quatre orchestres guinéeens consacrés "orchestre national" par Sékou Touré. A conakry, c'est la formation commise d'office à l'accompagnement de toutes les grandes vedettes eétrangères et africaines qui viennent se produire au "Palais du peuple", le centre culturel de "l'authenticité africaine" chère au dirigeant guinéen Sékou Touré. Ce dernier s'est attaché à protéger les musiciens. Il les invite à privilégier le "classicisme mandingue", un style calqué sur les grands morceaux de la musique de cour des nobles Malenkés.

6. Sekou Batarou Kouyate: "Soundiata". Un son cristalin s'échappe de ce grand spécilaiste de la Kora.

7. Rail Band: "Soundjata (new version)" (1972). H. Lee dans le livret d'une réédition en l'honneur du Rail Band revient sur l'importance du groupe: "le Rail Band, c'est bien autre chose qu'un orchestre de bal comme la période des indépendances en produisit des centaines. C'est le laboratoire où s'élaborèrent, tout au long de trois décennies, les fudions qui font aujourd'hui la musique de l'Ouest africain. Des dizaines de chanteurs et de musiciens y ont fait carrière. Tous les styles en vogue s'y sont croisés, du jazz à la pop internationale, du classique mandingue au folklore bambara, de l'afrobeat au soukouss congolais.

On doit la formation de cette institution à Aly Diallo chef de gare et priopriétaire du buffet-hôtel de la gare de Bamako. Afin d'offrir à sa clientèle des divertissements dignes de cenom, il charge le multi-instrumentiste Tidiani Koné de former un orchestre. Il recrute un orchestre de Dar-Es-Salam, qui constitue l'ossature de la formation. C'est lui aussi qui parvient à convaincre un jeune albinos surdoué: Salif Keïta. Bien que dans une situation très difficile (il dort sur un bout de carton avec les SDF de la ville), il rechigne à intégrer le groupe. C'est que Salif est un Keïta, un membre de l'ancienne famille royale et il ne veut pas salir son nom prestigieux en chantant pour de l'argent. Mais, Tidiani parvient tout de même à convaincre Salif Keïta qui fait ses premiers assais en 1970. Très vite, il devient le chanteur le plus aimé du public malien.

Le répertoire du groupe est très varié afin de séduire tous les publics. En tout cas, Salif Keïta se spécialise dans ce que l'on appelle à l'époque le "folklore modernisé", c'est-à-dire les grands thèmes malinkés arrangés à la guitare, célébrant les héros de la tradition comme Sundjata Keïta.

 

8. Manjul: "Tribute to Soundiata". Enfin pour clore cette sélection un dub joué par Manjul, un Français expatrié au Mali et qui produit des artistes reggae et joue des morceaux de dub.

Enfin pour terminer, rappelons que dans le futur programme d’histoire de la classe de cinquième, l’Empire médiéval du Mali du 13ème au 15ème siècles pourrait être un exemple proposé dans le cadre de la séquence consacrée à l’Afrique. On ne peut que se réjouir de ce choix qui permet de s'intéresser à des civilisations largement méconnues et, surtout de s'éloigner d'une approche exclusivement européenne. Reste maintenant à convaincre les plus grands et les personnages les plus hauts placés de notre pays à s'intéresser un peu plus sérieusement à l'histoire du continent africain, ce qui évitera sans doute à l'avenir à notre président de prononcer des discours aussi honteux que celui de Dakar...

Sources:

- Guide Olizane du Mali, 2005.

- L'émission du Dessous des Cartes consacrée au Mali.

- L'Afrique enchantée du 11/07/ 2006: "le héros".

- Article de Wikipédia sur Sounjata Keita.

- Dossier du magazine Géo sur le Mali (impossible de retrouver la date).

- "Les musiciens du beat africain", collection Compact, Bordas.

- "Le petit atlas des musiques du monde", éditions du Panama, 2006.

- Seydou Camara: "La tradition orale en question", Cahiers d'études africaines, 1996, p770.

 Liens:

* Sur l'histoire de l'Empire du Mali.

- Retour sur le royaume de Sosso.

- L'épopée légendaire du Mansa.

- L'empire mandingue sur AEDEV.

 - Portrait de Sundjata Keïta.

- Histoire de l'empire mandingue.

- Femmes de l’ombre : Nana Triban, la main du destin de Soundiata.

* Sur la musique mandingue.

- Musique d'Afrique de l'ouest: la Guinée.

- Le griot et la musique.

- En savoir plus sur le djeli avec Mali Music.

- Jeux autour des musiques mandingues.

- L'Afrique aujourd'hui: image du Mali.

Original post blogged on b2evolution.