Dominique de Villepin multiplie les consultations. Il entend se replacer dans le jeu politique actif et parie sur une crise rapide et profonde de la popularité présidentielle.
Depuis trois semaines, Dominique de Villepin orchestre une occupation médiatique du terrain politique digne des pré-campagnes électorales.
Sur le ton, on retrouve les déclarations assassines de VGE dénonçant l'"activisme agité" de son ex-Premier Ministre à l'époque où Jacques Chirac peinait à forger son statut présidentiel. Là, c'est un ex-Premier Ministre qui adresse le même reproche à un Chef d'Etat encore fraîchement élu.
Il est certain que la procédure dans l'affaire Clearstream ne peut qu'ajouter aux tensions anciennes.
Bien au-delà, la rupture définitive date des épreuves pour le CPE au moment où manifestement en difficulté publique, le Ministre de l'Intérieur n'épargne aucun procédé pour éloigner de la présidentielle son seul réel concurrent.
Le clan chiraquien a particulièrement mal géré cette sortie de crise où il a jeté "son seul atout" avec l'eau du bain. Imaginons à cette époque une démission du Premier Ministre refusant de céder devant la rue face à la réforme et l'espace de Nicolas Sarkozy serait devenu pour le moins restreint...
A cette date en donnant la préférence à la fidélité au Président, Dominique de Villepin a sacrifié sa dernière rampe de lancement pour la présidentielle 2007.
Désormais, il doit rester dans le jeu politique sans devenir le seul abonné de la rubrique de la procédure judiciaire par le dossier Clearstream.
Bien davantage, en restant une menace politique, c'est sa seule chance de donner du poids à son argumentation dans le dossier Clearstream qui consiste à démontrer que l'ex-Ministre de l'Intérieur n'est pas victime dans ce dossier mais machiavélique exploiteur pour le moins…
Pour sortir de la polémique permanente avec le Chef d'Etat, Dominique de Villepin a deux rendez-vous.
Le premier est celui des élections municipales. Il se doit de trouver une candidature emblématique pour se réintroduire dans le jeu politique actif. La candidature la plus naturelle serait Paris mais il ne veut pas être associé à un facteur de défaite. Si la défaite devient certaine et consommée sans sa participation, il peut retrouver une "fenêtre de tir" pour tenter de symboliser le sursaut. Les prochaines semaines seront décisives en la matière.
Le second rendez-vous est celui des résultats de la politique présidentielle.
Sur ce point, son pari est simple : le Gouvernement n'a pas les moyens financiers d'une réforme en douceur qui suppose de parvenir à des sacrifices structurants durables compensés par des mesures ponctuelles populaires mais éphémères.
Alors, faute de résultat, la politique présidentielle n'apparaîtra que comme une seule communication donc une forme de tromperie.
Si ces deux rendez-vous sont gagnés, Dominique de Villepin deviendra une alternative au sein même de la majorité présidentielle comme le fut hier Nicolas Sarkozy.
Si l'un ou a fortiori ces deux rendez-vous sont manqués, Dominique de Villepin n'aura plus aucune marge de manoeuvre en dehors de lasser progressivement l'opinion qui prendra ses mises en garde comme de la rancune politicienne donc de la "basse polémique" et le rangera aux côtés de Jospin sur les rangs des "amers mauvais perdants".
Ce qui est certain, c'est que la politique Française vit désormais au rythme du quinquennat.
Cette nouvelle durée est la véritable révolution des Institutions.