"Diantre ! Encore un billet sur Twitter, il nous emmerde ce Cui cui !" diront à juste titre, certains mal embouchés ! Ils auront raison !
Mais, mes chers amis, j'ai pris cette fois un ton un peu plus grinçant et humoristique conformément à la tradition de la maison... Et puis, ici, blog d'intellectuels littéraires férus de philosophie, où manipuler le mulot et appuyer sur une touche constitue déjà une performance exceptionnelle [je plaisante, hein ?], il s'en trouve probablement plus d'un qui ignore la signification de ce mot barbare issu du gazouillis du moineau.
Savez vous qu’on assiste en ce moment à une petite révolution médiatique ? Twitter, un service internet à la mode accessible à tous, semble remplacer, grâce aux informations collectées par de simples témoins, la presse internationale qui se trouve dans l’impossibilité de faire son boulot du fait de l’énorme censure du gouvernement Iranien à l'encontre des agences et les journalistes occidentaux. En effet, les seules rares nouvelles des émeutes et manifestations : témoignages, photos et vidéos qui parviennent à franchir le seuil d’un pays renfermé sur lui-même, sont véhiculées grâce à Internet (dont twitter et flickr).
Ces informations sont souvent envoyées par des particuliers ou des manifestants qui cherchent à diffuser dans le monde entier le témoignage de leurs luttes, ainsi que la mobilisation qu’elles suscitent.
Toutefois, il convient de rester prudent. En parcourant certains sites, on s’aperçoit qu’il s’agit fréquemment de blogs créés par la diaspora iranienne des USA ou d’Europe pas forcément mieux informée que chacun d’entre nous. Elle ne fait que reprendre des photos de presse, de blogs divers et de flickr. Cette diaspora est pro-occidentale et plutôt partisane des héritiers de l’ancien Shah d’Iran.
Mais Twitter est également la proie des manipulations dues à l'absence de sources patentes et sûres : rien n’empêche les services de propagande des états d’envoyer des fausses nouvelles ou des infos falsifiées.
Puis, comble du comble, des agrégateurs professionnels qui reprennent ce qui a été déjà écrit selon leur propre sélection. C’est un peu le système de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours : du coup on ne sait plus ni où est l’ours ni combien ils sont !
Finalement, grâce à Twitter, on obtient des renseignements non vérifiables mais des informations tout de même ; à chacun de recouper les faits et de jouer au petit détective, le reste n’étant qu’une question d’intuition. Il semblerait même qu'en se positionnant à Téhéran en Iran, on brouille complètement les services de répression iraniens.
Bon. Vous me direz que rien ne vaut la bonne vieille presse de papa Prouvost (ancien propriétaire du Figaro de 1950 à 1975).
Certes. Mais faute de grives, contentons nous de merles !
Bref, en tout cas, plusieurs observations paraissent s’imposer à notre réflexion.
1) Si Internet permet de faire connaître à travers le monde son combat et ses revendications, il ne remplace en aucun cas le recours à des manifestations physiques et des luttes sur le terrain. Il n’existe hélas pas encore de cyber-robots pour combattre les oligarchies et les tyrannies…
2) Chacun peut devenir l’informateur important d’une situation historiquement essentielle. Seule manque la crédibilité, mais entre nous, le journalisme embedded ou partisan est il, lui aussi, le garant d’une information fiable ? Sûrement pas !
3) Le téléphone portable et Internet sont devenus des médias incontournables sur lesquels les pouvoirs ont du mal à exercer un contrôle radical. On sait qu'en cas d'insurrection ou de désordres graves, les États ont d’ores et déjà prévu une mainmise complète ou un arrêt total sur les communications mais l'inconvénient immédiat sera la paralysie totale du pays.
4) En France, la mise en chantier de la loi Loopsi, qui sous couvert de lutte contre le terrorisme ou la criminalité, éternel refrain de ceux qui souhaitent nous mettre au pas, risque non seulement de restreindre à priori nos libertés, en plus, prépare le terrain à une reprise en main vigoureuse en cas de troubles mais surtout vise à empêcher toute organisation d'une contestation future.
Voilà les amis, quelques considérations émanant d'un citoyen ordinaire fort peu sérieux qui essaie de s'adapter à une société technique de plus en plus complexe, qui, sous un double visage, telle la reproduction que j'ai collée plus haut, présente selon l'angle duquel on l'observe, à la fois un énorme danger pour nos libertés mais aussi qu'un bel outil et un immense espoir pour vaincre l'oppression !
On peut toujours rêver.
À après !
Tweety tweety said the bird, non influent winged creature.