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L'eau précieuse de la rosée

Publié le 16 juin 2009 par Cafatica

L'eau précieuse de la roséeDans une région qui reçoit moins de 300 millimètres de pluie par an, l'eau est un enjeu crucial. Le physicien français Daniel Beysens a tenté de trouver une solution au problème de l'eau dans le désert de Kutch, en Inde.
Dans cette région du Guajarat, le sol est aride, le soleil brûle, l'air chargé de poussière est difficilement respirable. Au milieu d'un paysage qui s'enfonce dans la désertification, l'école de Sayara ressemble à petit paradis hors du temps. De hauts arbustes et des haies de lauriers roses entourent les trois petits bâtiments qui accueillent chaque jour une centaine d'élèves. A midi, le dal, plat traditionnel de lentilles, est préparé sur une cuisinière solaire. Et dans les carafes scintille de l'eau... de rosée.
Le secret de ce lieu se niche sur sa toiture. Là, des "condenseurs" permettent de récupérer la rosée du matin pour la boire. La technique a été mise au point par un physicien français, Daniel Beysens : les toits sont recouverts d'un isolant thermique qui contient des microbilles d'oxyde de titane et de sulfate de baryum. Ce revêtement émet un fort rayonnement d'infrarouges qui le refroidit. La surface du condenseur, plus froide de quelques degrés par rapport à l'atmosphère ambiante, atteint ainsi la "température de rosée" à laquelle l'humidité de l'air dépasse 100% et la vapeur se transforme en gouttes d'eau.
Ajoutez à cela un film plastique et une couche de savon alimentaire (insoluble et hydrophile) et le tour est joué : les gouttes de rosée glissent sans souci vers de petites gouttières. Le précieux liquide s'écoule ensuite vers un réservoir où il est filtré puis désinfecté afin d'être potable. On peut ainsi récupérer jusqu'à 0,4 litre par m² et par nuit. Et ce, 100 jours par an, entre octobre et mars.
"Ce n'est pas suffisant", admet Pratap Singh, le directeur de l'école, "mais ce système permet d'éviter la fermeture de l'établissement pendant les sécheresses et allège la pression sur le puits du village".
Autre retombée bénéfique : les enfants, souvent astreints aux corvées d'eau dans ces régions, sont beaucoup moins absents à l'école. "Je ne suis plus obligée d'aller en chercher tous les jours" se réjouit Pooja, une jeune élève. "Quand l'association a équipé notre maison, mon père n'était pas convaincu mais après avoir vu le réservoir plein, il a crié au miracle !". Car au-delà de l'école, des habitations ont aussi été dotées du système grâce à l'Organisation pour l'utilisation de la rosée (Opur), créée en 1999 par Daniel Beysens. "La rosée constitue une formidable source d'eau potable, gratuite et inépuisable", s'enthousiasme le physicien. "L'eau récoltée peut se révéler cruciale dans une région où la majorité de la population n'a pas accès à l'eau courante".
Dans le Guajarat, le niveau de la nappe phréatique diminue constamment et l'eau salée pénètre dans chaque pore. De plus, des industries particulièrement polluantes (démantèlement de bateaux, teinturerie, produits chimiques) souillent le sol. "Tous les ans, il fallait creuser un peu plus profond" se rappelle le chef du village de Panjandrum. "Alors l'eau de la rosée est une bénédiction, et elle est pure. En quelques années seulement, le nombre de troubles digestifs et d'allergies cutanées a considérablement diminué".
Aidée par les habitant du village, l'Opur a mis en place des condenseurs sur le site d'une ancienne mine à ciel ouvert. Les coûts réduits des matières premières et de la main-d'oeuvre dans le pays permettent d'aménager 1 m² pour seulement 40 roupies (0,62 €). Ce faible investissement de départ est un atout considérable. C'est sûrement ce qui a motivé des pays comme la Croatie, le Maroc ou la Polynésie à développer des projets similaires.
Un litre pour une roupie (1,5 centime d'euro), l'argument a séduit le groupe Tata, qui va faire poser des condenseurs de rosée sur les toits de sa centrale électrique à Mundra (Guajarat). Pour répondre à cette commande, l'Opur va se transformer en entreprise. Les bénéfices serviront à équiper les maisons de la communauté de Jakhav, où les habitants vivent avec moins de 20 litres d'eau par jour, soit 8 fois moins que la consommation moyenne d'un français.
Site de l'Opur :
http://www.opur.u-bordeaux.fr/fr/index_fr.htm


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