PS-ECOLO-CDH : Un olivier en devenir ?

BRUXELLES : « En route donc pour l'Olivier et seul  le MR dans l'opposition », ce n’est pas une mesure anti-MR, c’est un constat d’incompatibilité entre les idéologies réformatrice, progressiste et humaniste, malgré le marchandage et l’hyperactivité "reyndersienne" de ces derniers jours et les brossages MR dans le bon sens du poil d'Écolo et surtout de Joëlle Milquet n'y auront donc rien changé !

Que peut donc bien avoir caché l’initiative des Verts ECOLO de mener les discussions entre partis à la place du PS et du MR, se proclamant grand gagnant des élections, alors qu’étant troisième parti derrière le PS, la première formation politique de la Communauté française ?

Malgré que la tentation de Jean-Michel Javaux et  d’Isabelle Durant, les deux co-présidents d’Ecolo, était grande de faire affaire avec le MR et d’envoyer le PS dans l’opposition, il y avait le choix des électeurs qu’il fallait respecter et le premier parti en Wallonie reste le PS qui n’allait pas se laisser faire, comme vainqueur des élections et reprendre de toute façon la main à Ecolo, alors qu’à Bruxelles où les trois partenaires de l'Olivier sortant se sont bien entendus et manifestaient l'envie de rempiler malgré l'arrivée du MR comme premier parti sur la région.

Pour maintenir l’influence d’un Olivier à Bruxelles, Ecolo n’avait pas d’autre choix que de peser dans la balance en faveur d'un Olivier aussi en Wallonie.

Cela me paraissait évident que la thèse évoquée précédemment des majorités asymétriques avec un Olivier en Wallonie et une Jamaïcaine à Bruxelles auraient causé des problèmes sans précédent à la Communauté française et que ECOLO comme le CDH, ont très bien admis la logique, la cohérence et la facilité de réaliser plutôt la coalition de l’olivier dont ils n’ont eu plus de mal à jouer pleinement, laissant le MR sur le côté… !

Sans doute de prendre de la distance et du temps au changement annoncé, de préparer les électeurs du MR à Bruxelles à être relégué dans l’opposition, l’alliance avec le MR contre-nature n’étant qu’un rêve sans aucun fond de réalité, les priorités n’étant pas les mêmes, on ne peut pas faire de l’écologie avec du capitalisme débridé….il fallait s’en faire une raison en toute bonne conscience, le MR a donc cru à une chimère de gouverner devant les progressistes plus forts qu’eux en nombre de sièges… !

Les électeurs du MR sont fortement déçus et les trois-quarts des électeurs favorables aux partis progressistes (une personne sur trois a voté pour le PS en Wallonie) ne sont pas encore totalement tirés d’affaire, car un Olivier  aussi vigoureux soit-il, peut très vite désenchanté, d’autant dans le contexte actuel de grave crise budgétaire, dont ces partis devront faire face avec aucun autre moyen financier supplémentaire, mais plutôt manquant (sinon de faire appel aux contribuables) et des différences de pratiques en matière de gouvernance publique.

Le bureau du CDH, qui a accepté de rejoindre l’olivier tard dans la nuit, a également déclaré dans ses conditions de bonne gouvernance que "les règles éthiques exigées par lui devront être entièrement obtenues et les garanties de tolérance zéro en la matière devront être totales" en parlant du PS et je suppose de lui-même pas tout à fait clair non plus… !

Rien de bien probant sur les déclarations attendues hier soir, puisque les inconnues sur les coalitions possibles étaient fortement réduites, seul le résultat des élections compte, tout laissait présupposer d’un engagement vers une coalition de l’Olivier et non d’une Jamaïcaine, trois partis sur quatre se rassemblait sous la bannière de la gauche, contre un parti réformateur libéral minimisé et fortement défait aujourd’hui, pour la formation proche des gouvernements wallon, bruxellois et de la Communauté française qui seront politiquement symétrique, le doute subsistant jusqu’il y a peu, pour une bipolarité de gouvernance "olivier-jamaïcaine" entre les deux régions wallonie-bruxelles.

Rien ne pouvait contester cette confirmation du recentrage vers une force politique de gauche, nous dirons de centre-gauche avec le CDH à 9 jours du scrutin, mais les négociations sont entamées avec le PS (le Conseil de fédération d'Ecolo a approuvé à 87 pc l'entrée des verts en négociation avec le PS et le cdH), reste à confirmer cette majorité et faire respecter toutes les conditions de futurs partenaires avec ECOLO et le CDH et la partie n’est pas gagnée d’avance, il faut le mettre sur pieds au travers des négociations et toute opposition des deux partenaires Ecolo et CDH n’est pas inéluctable au stade actuel ; Jean-Michel Javaux parle même ironiquement qu’"un Olivier peut se transformer en cactus" !

Mais avec une certitude, c’est qu’ Ecolo n’avait pas d’autre choix que le rouge PS au bleu MR, parce qu'il lui sera infiniment plus facile, dans la tourmente financière qui va secouer la Communauté française et les Régions, de faire passer avec le Parti socialiste son plan de relance « durable » en faisant appel aux inévitables efforts de solidarité qui, dans la crise, seront plus facilement imposés aux citoyens qu’aux patrons de nos entreprises fortement plus aidées par les réformateurs libéraux…

L’un n’empêchant pas l’autre, même avec le MR dans l’opposition, mais le choix des électeurs pour le centre-gauche va de toute évidence conditionner le remboursement de la crise par les travailleurs et non le capital, « le cactus d’Ecolo », c’est ce qui va se passer demain dès la mise en place de la nouvelle majorité, quant au "bain de sang" social annoncé, il n’en est pas moins improbable, car pas plus le MR que la tripartite PS-ECOLO-CDH ne vont sortir le pays de la crise, cinq ans de législature étant si vite passé, nous en reparlerons… !