La bérézina électorale des européennes n’a pas ramené les socialistes français à une attitude plus combative. Alors que se multiplient les candidatures personnelles à des primaires non encore actées, les parlementaires socialistes ont sauvé l’unité de façade par un compromis sans trop de sens. Contrairement aux Verts et aux communistes, ils se rendront finalement au Congrès à Versailles le 22 juin mais ils ne prendront pas part au débat parlementaire organisé après le départ du chef de l’Etat. De nombreux ténors avaient appelé dés le début de semaine à ne pas pratiquer la politique de la chaise vide.
Les meilleurs alliés des écologistes sont assurément les socialistes. La ligne politique molle de Solférino offre un boulevard à l’opposition sans concession affichée par les Verts. Faut-il respecter un président qui ne respecte pas l’esprit de la constitution et qui bouscule l’équilibre des pouvoirs ? Les parlementaires socialistes ont répondu par l’affirmative.
“Nous serons présents parce que nous respectons la Constitution, mais nous ne nous exprimerons pas en signe de protestation“, a déclaré Arnaud Montebourg précisant par la même la position arrêtée à une large majorité.
André Vallini, Aurélie Filippetti, Manuel Valls, Laurent Fabius et Jack Lang pour ne citer qu’eux avaient dés lundi clairement affirmé leur position. Le vent du boulet du scrutin du 7 juin n’aura donc pas suffit à tirer le PS de son immobilisme confortant le sentiment d’un parti d’élus coupé de la demande de combativité de sa base. Ce faisant le PS donne le sentiment d’enfoncer un coin dans la position commune des forces de gauche de ne pas participer.
“Quelle que soit notre décision, il faut qu’elle soit comprise par les Français” avait prévenu Jean-Pierre Bel, le président du groupe au Sénat. Le travail d’explication ne sera pas aisé. A l’image de l’argumentation contre le boycott développée par Aurélie Filipetti selon laquelle “Ce ne serait pas compris par les Français, maintenant que la réforme constitutionnelle a été votée, on doit s’opposer au fond à Nicolas Sarkozy.” “Qui ne dit mot consent” dit pourtant à l’inverse le proverbe.
C’est faire injure aux électeurs de penser comme Laurent Fabius qu’ils sont incapables de comprendre.”Je plaiderai pour que nous soyons présents parce que je crois que, dans la circonstance, la politique de la chaise vide ne serait pas comprise“, déclarait mardi matin l’ancien premier ministre.
“Je ne peux pas croire que les socialistes ne viendront pas” ironisait de façon prémonitoire Jean-François Copé en fin de semaine dernière. Le patron des députés UMP a démontré qu’il est un fin connaisseur de ses collègues socialistes. Des parlementaires en culottes courtes qui pensent comme Christophe Caresche, que “le boycott serait contre-productif“, et que “ si le Président vient nous chercher sur le fond, nous devons répondre à la tribune, sur le fond.” Certes les socialistes pourront répondre mais dans le vide, une fois les caméras parties sans avoir eu connaissance préalablement du discours présidentiel.
Confirmant son analyse particulière du scrutin des européennes, le député parisien ajoute: “On peut toujours jouer les gros bras, mais franchement, avec 16% des voix aux européennes, on gagnerait à devenir plus modestes, plus lucides“. Le choix de ne pas choisir atteste du contraire. D’une absence d’opposition qui peut expliquer en partie le mauvais résultat des européennes.
Et que dire du silence assourdissant de Martine Aubry ? La patronne du PS confirme à cette occasion le lourd handicap que constitue pour elle le fait de ne pas être parlementaire.