134 milliards de dollars - les mystères de l'information

Publié le 16 juin 2009 par Jean-Marie Le Ray


Dans mon précédent billet intitulé "trop gros pour être faux", il est clair que je ne faisais pas référence aux titres en eux-mêmes, mais à la désinformation mondiale qui entoure cette histoire.
Sur le site du gouvernement américain dédié aux arnaques en tout genre, on apprend que les "U.S. Dollar Bonds" qui circulent en Asie sont tous des faux, fabriqués par la CIA dans les années 30 et au début des années 40 pour aider Tchang Kaï-chek dans sa lutte contre les communistes chinois. Enterrés par les généraux du Guomindang pendant des décennies, ce n'est qu'assez récemment qu'ils ont commencé à réapparaître. Le but "théorique" de ces contrefaçons étant d'obtenir en échange une fraction de leur valeur nominale.
Voici un exemple de bon contrefait d'une valeur nominale de 10 millions $, et dessous un exemplaire de "Morganthaus", du nom de Morganthau Henry Jr., Secrétaire au Trésor en 1934.


Vous remarquerez d'ailleurs que la conformation de cet exemplaire ressemble curieusement aux trois bons que l'on voit en bas à droite de la table :

De même que les 249 bons de 500 millions $ l'un ressemblent furieusement à celui-ci :

Or rien n'est plus facile que de modifier sur un programme de retouche ONE HUNDRED MILLION DOLLARS en FIVE HUNDRED MILLION DOLLARS et d'imprimer ça ensuite sur du papier filigrané de bonne facture.
Mais lorsque la douane italienne affirme qu'ils ont l'air tellement vrais qu'ils semblent crédibles alors que ce sont des contrefaçons de FAUX (le comble !), c'est la douane italienne qui n'est plus crédible.
Pas plus que le blackout qui entoure cette actu, alors qu'il s'agirait d'une des plus grosses contrefaçons de tous les temps ! Imaginez un instant si la police française trouvait des faussaires en possession d'un milliard d'euros en faux billets. Pensez-vous qu'on en entendrait parler, oui ou non ?
Or là ce n'est pas un milliard d'euros que nous avons, mais 100 ! Et que fait l'information "officielle" ? L'AFP nous sort une dépêche minable 9 jours après la saisie, l'AP idem 13 jours après, au point qu'un journal tel que le Nouvel Obs copie-colle bêtement le même encart en répétant bêtement les mêmes bêtises à 4 jours d'intervalle !!!
Récapitulons :

Nous serions en présence d'une contrefaçon de FAUX facilement identifiable dès le premier jour, et pourtant on nous dit depuis le début qu'une bonne partie de la documentation bancaire est ORIGINALE, qu'il faudra deux semaines (!) à la SEC pour une expertise, et que les japonais ont été immédiatement relâchés sans être sûrs ni de leur identité ni du fait que les titres étaient vrais ou faux !!!

Donc ce qu'on attendrait de la PRESSE OFFICIELLE, mesdames et messieurs les journalistes professionnels, ce serait une ANALYSE de fond, pour nous expliquer par exemple quel pourrait être le véritable usage de ces 134,5 milliards de faux dollars.
Qui n'est certainement pas d'aller tenter de fourguer ça au premier plouc venu, mais dissimule sans aucun doute de l'inavouable, autant en termes de désinformation que de manipulation, très probablement en relation avec la situation politique et la crise économique mondiales, avec les tensions actuelles sur le dollar, etc.
Qu'un journal comme Rue89 démonte l'affaire, c'est tout à son honneur (notons au passage que c'est un pure player...), mais que les grands médias traditionnels - presse et télé -, y compris économiques, ne nous fournissent aucune explication ou analyse de fond sur les implications potentielles de cette histoire, c'est indigne d'une information qui se prétend tous les jours à la pointe de la déontologie professionnelle.
Et au lieu de ça on a des TF1 ou autres qui vont pomper l'info chez un blogueur sans même citer leur source, sauf l'Expansion, chose assez rare pour être soulignée. Certes, l'asymétrie de crédibilité dans l'information n'est pas nouvelle, mais vous faites vraiment tout pour vous faire taper sur les doigts...

by Joe Weisenthal
P.S. Enfin, dans la série "spécialistes", je note ce commentaire de tel Jean-Pierre CHEVALLIER, business économiste :

Bien entendu, dans cette affaire, on retrouve les inévitables idiots inutiles habituels tels que le Leap et autres blogueurs dans la même mouvance...

Cher Monsieur, je n'ai pas le déshonneur de vous connaître, mais si de temps en temps vous mettiez vos compétences au service de l'information au lieu d'ânonner des conneries à l'emporte-pièce, la blogosphère en sortirait grandie et le citoyen lambda moins ignorant.
Sachez enfin que j'apprécie votre commentaire à sa juste valeur, mais que l'inévitable idiot inutile habituel (triple apposition adjectivale un peu lourde) vous emmerde profondément. :-)
JML