Ségolène Royal lance les Universités Populaires Participatives.

Publié le 16 juin 2009 par Marc Vasseur

Hier soir, Ségolène Royal et Désirs d’avenir lançaient les UPP avec comme première thématique la sortie de Crise.

Je l’avoue, je suis un peu déçu car elle reste très en retrait par rapport au Parti Socialiste. Cependant, était-ce le lieu ? Était-ce le moment alors que Martine Aubry veut enfin mettre le PS au travail.

Enfin, on peut néanmoins se reporter sur la contribution qu’elle avait déposée dans le cadre de la préparation du congrès de Reims.

Un petit mot sur l’abstention qui me parait Un des problèmes majeurs et sur lequel nous ne pouvons rester inactifs. A Roubaix, ville de 100.000 habitants, ville historiquement de gauche ; au soir du 7 juin, on comptait 75% d’abstention et on dénombrait 2696 voix pour le Parti Socialiste… je vais jeter un œil par quartier mais je pense que Royal pose un diagnostic assez juste.

Chers amis,

Notre université populaire sur « comment sortir de la crise ? » a été fixée il y a bien longtemps mais force et de constater qu’elle intervient dans un contexte politique que l’on ne peut pas passer sous silence. D’autant qu’elle renforce notre volonté de travail, de dialogue, d’écoute et de proposition.

Et d’abord l’abstention, quelles leçons en tirer ?

En effet, l’abstention record en France (60 %) comme en Europe (57 %) avec des pointes à 80 % dans les départements d’outre-mer et à près de 90 % dans de nombreux quartiers de banlieues en passant par 70 % chez les 18-30 ans, 70 % chez les ouvriers et employés, cette abstention appelle un sursaut, une audace nouvelle, surtout ici à Désir d’Avenir où notre raison d’être a toujours été la démarche participative c'est-à-dire la conviction que toute politique qui se fait sans le peuple, sans les citoyens, est une politique qui finit par se faire contre les peuples.

Pour en revenir à notre sujet d’aujourd’hui, ce sont ceux qui souffrent le plus de la crise qui sont le moins venus voter.

Ce n’est pas de l’incivisme ni de la négligence contrairement à ce qui a pu être dit par des commentateurs pressés ou condescendants. C’est un message politique de la part de ceux qui attendent parfois désespérément des solutions porteuses d’espoir.

Sur le Parti Socialiste je dirai juste un fait non polémique qui est un fait précis et incontestable : ce sont 6,7 millions de voix qui ont été perdues depuis le premier tour de l’élection présidentielle. Surtout chez les jeunes, les femmes et les quartiers populaires.  Ce qui veut dire que ceux qui subissent la crise sont ceux qui ce sont détournées du vote.

Face à cette situation nous devons avoir l’audace d’espérer, le courage de reconstruire, la générosité pour changer de système.

Pourquoi cette université populaire participative ?


Tout d’abord pour évaluer l’ampleur de la crise qui comme chacun l’admet aujourd’hui nous plonge dans une longue et douloureuse récession.
L’OCDE prévoit une baisse de 3,3% du PIB en 2009 et un taux de chômage de 10% en 2009 et de 11% en 2010.
Quel politique pour défendre l’emploi et le pouvoir d’achat et comment la crise nous oblige à repenser le modèle pour mettre résolument la France sur le chemin de la croissance durable dans l’économie mondialisée. Je remercie chaleureusement  nos intervenants d’avoir accepté notre invitation et Dominique Bertinotti de nous accueillir à la mairie du 4ème arrondissement.


-   Jacques Attali, président de la commission qui porte son nom et président de PlanetFinance auteur de nombreux ouvrages qui en font un formidable éclaireur d’idées. Auteur notamment en 2008 de La crise et après.

-   Edouard Martin, syndicaliste CFDT à Arcelor Mittal, à la pointe du combat contre la fermeture du site de Gandrange que j’ai rencontré plusieurs fois sur place.
-   Gontran Lejeune, président du Centre des jeunes dirigeants, dont le témoignage sera accompagné de quelques interviews filmés de quelques chefs d’entreprises président du Centre des jeunes dirigeants.
- Jean-Paul Fitoussi, président de l’OFCE et qui participe au projet et co-auteur d’un rapport à paraître sur les nouveaux indicateurs de croissance avec Amartya Sen et Joseph Stiglitz  qui sera parmi nous en direct par  liaison vidéo. Auteur de La nouvelle écologie politique : économie et développement humain.
- Yann Algan, qui a beaucoup travaillé sur la confiance comme condition d’émergence d’un nouveau modèle de développement, vient de recevoir le prix  du meilleur jeune économiste français, et est l’auteur du livre « la société de défiance ».
-   ET Jacques Barbier, président du pôle de compétitivité  des éco-industries crée dès 2004 dans la Région Poitou-Charentes qui regroupe plusieurs centaines d’entreprises et laboratoires de recherche, c’est le passage des discours à l’action, dans une région classée numéro un par la Banque Européenne d’Investissement pour son plan énergie solaire avec la mobilisation de 400 millions d’euros.
-   ET Philippe Aghion, professeur d’économie à Harvard, qui a coordonné l’organisation de cette université. Auteur du  rapport du Consiel d’analyse économique  Les leviers de la croissance française.

Dans cette  démarche pour construire un nouvel ordre économique, social et écologique, il y a au moins cinq défis que je voudrais voir évoqués ce soir.


1. Premier défi : gouverner l’économie mondiale et réduire les inégalités.

Nous avions pensé que la crise marquerait le début d’une ère nouvelle de responsabilité et de contrôle. Malgré les avancées du G20 nous voyons persister des signaux inquiétants : le bilan des banques en Europe demeure est opaque ; le crédit ne circule toujours pas ; aux Etats-Unis, les banques américaines s'empressent de vouloir se dégager de tutelle publique que Barack Obama a courageusement mis en place.
Par ailleurs, le  rapport remis par le directeur général de l’INSEE Jean-Philippe Cotis montre que les très hauts salaires ont connu les plus fortes hausses quant ceux des moyens et petits salariés stagnaient ou baissent en pouvoir d’achat.  Quand à la rémunération des actionnaires, elle a explosé au cours des vingt dernières années, au détriment de l’investissement et des salaires. Il n’y a pourtant pas de fatalités : en faisant passer la part des dividendes de 36% à 12% des profits, il est possible d’augmenter la masse salariale de 10%.

2. Deuxième défi : construire des sécurités nouvelles

L’angoisse monte, face aux risques de perte d’emploi et de pouvoir d’achat, de fermetures d’entreprises, de manque de débouchés au sortir de l’école, de problèmes d’accès à la santé et à la montée de toutes les formes de violences et d’agressivité, nous devons apporter des réponses car les peurs nourrissent les conservatismes et empêche notre pays d’aller de l’avant.


3. Troisième défi : la révolution écologique pour sortir de la crise.
 C’est la société toute entière qui doit changer. Comme le dit excellemment Edgar Morin que nous retrouverons à Poitiers pour l’Université Populaire sur les défis de la politique de civilisation   octobre : «  Il ne suffit pas d’introduire l’écologie dans la politique car les problèmes de justice, de l’Etat, de l’égalité, des relations sociales échappent à l’écologie. Une politique qui n’engloberait pas l’écologie serait mutilée, mais une politique qui se réduirait à l’écologie serait également mutilée. »


4. Quatrième défi : libérer les énergies par l’éducation, la formation, recherche et le soutien aux entrepreneurs. 

5. Cinquième défi : la révolution démocratique.

Disons le fois une fois de plus il n’y aura pas de réforme réussit si elle se fait contre les gens et à leurs place.  Démocratie sociale dans l’entreprise avec un vrai pouvoir de contrôle. Démocratie parlementaire avec un vrai pouvoir d’expertise des députés. Démocratie territoriale avec une réforme qui met fin à l’opacité et aux doublons. Démocratie de l’Etat avec une liberté garantie de la presse et des médias audiovisuels pour satisfaire la soif d’un vrai débat public sur les questions de fond, et enfin démocratie participative avec notamment l’évaluation par les citoyens des politiques publiques

N’en doutons pas : faire la société plus humaine et plus fraternelle c’est la tâche immense des socialistes et de la gauche.

Qu’est ce qu’un parti politique de gauche, et il deviendra exemplaire ce parti, s’il est plus enthousiaste, plus aventureux, plus audacieux, plus généreux, plus hospitalier aux idées et aux êtres, plus sincère, et, en son sein, plus fraternel que la société qu’il veut transformer ?

Les citoyens viendront voter s’ils se sentent respectés, il sont les meilleurs experts de ce qu’il concerne. Nous avons droit à l’information indispensable qui nous permet de mieux comprendre le monde afin de le transformer. C’est le sens du travail que nous faisons ce soir.

Cette université est diffusée sur Internet, car nous nous sommes engagés, justement, à mettre l’excellence de la connaissance et de l’expérience, à la portée de tous.
Merci par votre exigence et votre présence d’y contribuer.