Magazine Sexo
Le 10 juillet 1995 : j’avais 16 ans.
Avant de partir, ma mère avait glissé dans ma valise une boîte de préservatifs « Durex jeans ». « Jeans » : le modèle adapté à la morphologie des ados (petites bites).
Elle pensait certainement que si cette première fois devait avoir lieu cet été là, l’heureux élu serait un garçon de mon âge : un boutonneux en pleine mutation vocale.
C’est lorsque j’ai défait les affaires de ma valise que je suis tombée sur la fameuse boîte. Je n’y ai pas porté une attention particulière parce que je savais d’avance que je n’allais pas y toucher. Pour deux raisons : d’abord, il était hors de question que je perde ma virginité avec le premier venu, ensuite, je n’étais pas assez idiote pour utiliser la boîte de ma mère (trop méfiante j’étais, elle aurait pu s’amuser à les compter tous les soirs).
Pour mon plus grand malheur, je me plantais lourdement.
Olivier : il s’appelait Olivier. 26 ans, sportif, petit, peau matte, brun. Je me souviendrai toute ma vie de ses cheveux. Ils étaient magnifiques : longs et bouclés, souvent attachés en catogan.
Quand l’équipe d’animation nous a accueillies le jour de notre arrivée, je l’ai tout de suite remarqué et lui aussi…. Il profitait des moments où je me retrouvais seule (sans ma mère collée à mon arrière train), pour venir me voir, me parler, me draguer en fait.
A l’époque, j’étais une ado introvertie et complexée. J’avais perdu 20 kilos en un an et demi et malgré mes 47 kilos, je continuais à me trouver grosse.
Le troisième soir, alors que je discutais avec mes copines de vacances, il m’a kidnappée. J’entends par là, qu’il m’a soulevée, portée dans ses bras et m’a emmenée vers un endroit à l’abri des regards indiscrets. Nous avons échangé notre premier baisé ce soir là.
Le quatrième soir, il m’a proposé de venir le rejoindre dans son bungalow. Je me doutais bien qu’il ne m’avait pas invitée pour jouer une partie d’échec. Je ne me suis pas posée la question de savoir si j’étais prête ou pas. J’étais attirée par lui, pas amoureuse, juste attirée. Le faire avec lui était une évidence.
Je me rappelle encore de ce que je portais ce soir là : une robe blanche à fines bretelles et dessous, un soutien gorge et une culotte en coton blanc.
Il a été tendre et doux. A chacun de ses gestes, il s’assurait que je n’avais pas mal.
Allongée, il s’est introduit en moi avec précaution. La douleur était supportable, bien plus supportable que je me l’étais imaginée. Ses cheveux longs me caressaient les seins à chaque mouvement de va et vient.
Lorsqu’il se retira, quelques gouttes de sang avaient tâché ses draps. Il est allé dans la salle de bain me chercher un gant de toilette afin que je puisse me nettoyer un peu. Ensuite, il me prit dans ses bras et m’embrassa. Je devais déjà le quitter car je n’avais que la permission de minuit.
Cette nuit là, je dormis mal.
Le lendemain, je me suis regardée dans la glace, je n’avais pas changé, du moins physiquement : mon corps toujours trop grand et trop maigre, ma peau toujours trop pâle, mes cheveux blonds toujours trop fades. Bref, personne ne pouvait deviner que j’avais vu le loup la veille.
Il n’est plus venu me voir à la plage : ni le lendemain, ni les autres jours. Il passait devant moi sans me calculer, comme si j’étais invisible, comme si je n’avais jamais existée, comme s’il ne s’était rien passé entre nous. Je ne comprenais pas pourquoi il m’ignorait. Qu’est-ce que j’avais donc pu faire ou dire ? Comment cet homme, qui s’était montré si attentionné envers moi, pouvait montrer autant d’indifférence maintenant ?
J’éprouvais de la tristesse et de la colère envers lui, envers moi. Comment avais-je pu être aussi naïve. Il m’avait bien baisée, dans tous les sens du terme. Je n’avais été qu’une proie pour lui, un but à atteindre. Il l’avait atteint, je pouvais dégager.
Le plus dur pour moi cet été là : retenir mes larmes à en avoir mal à la gorge, ne rien laisser transparaître, rester naturelle. Ma mère ne devait rien savoir.
De retour en France, je lui ai écrit. Bien sûr, ma lettre est restée sans réponse.
Ma vie de « femme » avait bien tristement commencé. Il fallait rectifier le tir, faire en sorte de souffrir le moins possible. C’est ce que j’ai tenté de faire les années suivantes et même encore aujourd’hui : choisir celui qui ne vous en fera pas baver, un « good boy » en fin de compte.Publié par les diablotins
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