Baiser de mort.

Par Ananda

Les nuits sont poches de silence,

entractes de mutation,

elles ont la station debout,

elles coulent de source en source.

Elles coulent de source,

les nuits,

les nuits sourcières, souricières,

les nuits sorcières,

les nuits qui baissent le sourcil aux battements de cœur hachés.

Court

dans la poitrine des nuits

le bruit têtu de la pendule

le bruit carnassier et têtu

qui avale

des pans de temps

qui gobe des angles de nuit

des poches de silence aigu

il n’y a pas de pur présent

il n’y a pas de pur présent

sinon dans cette façon que

les aiguilles ont de découper

comme les ciseaux d’un tailleur.

Clopine

ce guingois brutal

entre l’aller et le retour

ce mécanique claquement

gorgé de grains de sablier

picorés par l’étrange bec ;

la nuit l’opalescente nuit

aux écarts hagards sans égards

à cheval sur les angles durs,

extrasystoles de son mat.

Mastication mâchouillement

minutes de papier mâché,

secondes au balancement sourd

un peu comme dames pâmées

dans les bras fervents d’un danseur

qui donne le baiser de mort.


Patricia Laranco

in recueil virtuel STATION DEBOUT
http://fr.calameo.com/books/000026060f1a1a76df8d0