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L'affaire Chloé Nolife

Par Lebibliomane
L'affaire Chloé Nolife
"Les enfants du néant" Olivier Descosse. Roman. Editions Michel Lafon, 2009.
Tout a commencé par un mail reçu il y a environ un mois et émanant d'une jeune fille d'une quinzaine d'années répondant au pseudo de Chloé Nolife.
Après s'être brièvement présentée, elle m'a demandé conseil sur la démarche à entreprendre pour ouvrir un blog.
Bonne poire, je lui ai répondu en lui donnant quelques tuyaux et, pensant m'être acquitté de ma b.a, je n'y pensais plus.
Quelques jours plus tard, je reçois un mail de remerciements auquel je ne réponds pas, par fainéantise et aussi parce que je n'ai rien de plus à lui dire au sujet de la manière de monter un blog.
Puis je reçois encore un autre mail. Cette fois-ci elle commence à me raconter sa vie : elle me parle de son petit-frère Jules qui est tombé sur un site porno en surfant sur le web. Puis viennent d'autres questions : elle veut savoir comment je m'appelle, quel genre de musique j'écoute, etc...
Bref, elle commence à m'agacer la Chloé et je ne réponds pas.
Mais elle n'en reste pas là et continue à m'envoyer des courriels où elle s'épanche de plus en plus, me donnant des détails sur sa vie et cherchant à me soutirer des indications sur ce que je fais dans la vie, sur les romans que je lis, etc...
Là, j'avoue que je perds patience et je suis à deux doigts de mettre ses courriels en « indésirables » afin qu'elle cesse de me harceler.
Et puis (comme quoi ça a du bon la communication au sein du couple), mon épouse (Chatperlipopette) m'apprend qu'elle reçoit aussi des mails de Chloé qui pour la plupart sont identiques aux miens. Nous nous interrogeons et en discutons. Nous sommes bien d'accord pour en déduire qu'il y a quelque chose de dérangeant dans cet échange de courriels. D'autant plus que, même si la syntaxe employée – un vocabulaire typiquement d'jeuns – me laisse dubitatif quant au non-emploi du langage SMS et à l'absence de fautes d'orthographe.
Qui est donc cette Chloé ? Une rabatteuse pour un forum destiné aux ados ? Ou, plus inquiétant, un mailing destiné à attirer l'attention de vieux libidineux en quête de chair fraîche ? Nous nous accordons donc pour ne pas répondre à ces courriels, pensant que notre silence va l'éloigner.
Peine perdue, quelques jours plus tard, un nouveau mail fait son apparition. Cette fois-ci, Chloé nous annonce qu'elle a mis en ligne une vidéo d'elle sur Youtube. Nous craignons le pire. Irons-nous jusqu'à cliquer sur le lien qu'elle a déposé sur son mail ? Finalement, c'est Chatperlipopette qui fait l'essai. Une fois la vidéo vue, elle m'invite à en faire de même et c'est alors que je découvre ceci.
Voilà donc l'explication, Chloé Nolife, cette adolescente envahissante qui a squatté nos boîtes mail, n'existe pas. Elle est le fruit d'une opération de marketing viral orchestrée par les éditions Michel Lafon afin de faire la promotion du dernier roman d'Olivier Descosse : « Les enfants du néant ».
Bluffés, nous l'avons été au cours de ces quelques semaines, imaginant toutes sortes d'explications, même les pires, à ces mails intempestifs qui commençaient sérieusement à nous énerver.
Et comme il est bien connu que tout est bien qui finit bien, nous avons reçu quelques jours plus tard un exemplaire chacun des « Enfants du néant », gracieusement offert par le service de presse des éditions Michel Lafon.
« Les enfants du néant » est un thriller, genre littéraire qui, je l'avoue, ne fait pas partie de mes priorités d'achat lorsque je franchis la porte d'une librairie. Mais j'ai joué le jeu et me suis lancé dans la lecture de cet ouvrage. J'y ai bien évidemment trouvé les ingrédients habituels à ce style de littérature : le flic mal dans sa peau, la concurrence acharnée à laquelle se livrent les différents services de police, les meurtres atroces avec mutilations et pour couronner le tout, l'ombre du serial-killer, ce moderne croquemitaine pour adultes devenu incontournable depuis le succès en librairie et au cinéma du « Silence des agneaux » de Thomas Harris.
Le personnage principal des « Enfants du néant » est donc un flic. Il s'appelle François Marchand et s'est reconverti dans la police après une carrière de psychanalyste qui s'est brutalement achevée à la suite d'un terrible drame personnel.
Son activité consiste à profiler les tueurs et les forcenés qui mettent en danger la vie d'autrui. Il va d'ailleurs avoir fort à faire pour élucider une série de crimes particulièrement atroces survenus en un laps de temps très court dans différentes régions de France. Le seul point commun de tous ces meurtres, ce sont les victimes, toutes adolescentes.
François Marchand va donc devoir plonger au cœur de l'univers d'une génération dont il ne fait plus partie depuis bien longtemps (il a dépasse la quarantaine) et tenter de comprendre les codes et les motivations de ces jeunes qui vivent entre monde réel et virtuel, grands consommateurs d'images, de musiques et de vidéos piochées sur le web.
Ce monde déroutant des adolescents d'aujourd'hui, il va devoir l'explorer afin de découvrir qui est à l'origine de ces meurtres épouvantables.
Ambiance glauque à souhait, descriptions des meurtres et des mutilations rapportées avec un luxe de détails qui fait frémir, ce roman, comme beaucoup d'autres du même genre, exploite notre fascination pour la violence et les atmosphères sordides. Construit comme un polar à l'américaine : phrases et chapitres courts, on ne peut que s'empresser d'en tourner les pages afin de découvrir qui est l'auteur de ces meurtres abominables.
Bref, c'est efficace et sans temps mort, ça obéit aux codes du genre dans le simple but de nous faire frémir et ça marche ! Cependant, j'avoue n'avoir pas été emballé par ce roman. Mon peu d'intérêt pour cette forme de littérature y est sans doute pour quelque chose.
Eux aussi ont été piégés par Chloé : Herwann, Cœurdechêne, Sophie, Cuné, Cathulu, Hilde, Tamara, Julie et j'en oublie...
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