Résumé: Sept amis partent se ressourcer dans le petit village de Morley au fin fond de la campagne anglaise pour aider l’un d’entre eux à se remettre de son divorce. Mais lorsqu’ils arrivent sur place, ils découvrent que le village est désert. Pas si désert que ça en fait, puis qu’un mystérieux virus a contaminé toutes la population féminine et a transformé les braves villageoises en tueuses féroces et assoiffées de sang…
Jeune réalisateur britannique remarqué avec le parait-il très réussi Evil Aliens, Jake West fait saliver depuis des mois les fans d’horreur avec les dessins préparatoires de son nouveau film, Doghouse. Ces dessins présentant des femmes zombies au style très cartoonesque et assez gore laissaient espérer une comédie horrifique de bonne tenue. Restait à savoir si Jake West allait réussir à se démarquer de ses petits camarades et à faire autres chose qu’une redite du génial Shaun of the Dead…
Le film démarre dans le plus pur style british cher entre autres à Guy Ritchie, avec de courtes séquences présentant les différents protagonistes en affichant leur prénom à l’écran. Des protagonistes assez nombreux, mais qui ont tous un problème avec les femmes : Vince (Stephen Graham, vu entre autres dans Snatch et Gangs of New York) vient de divorcer, Mickey (Noel Clarke, Doctor Who) et Patrick (Keith-Lee Castle) sont brimés par des femmes autoritaires, Neil (Danny Dyer, Severance) est un dragueur invétéré, Graham (Emil Marwa) est gay et Matt (Lee Ingleby) est un geek plus passionné par ses comics que par les femmes. Malheureusement pour eux, leurs soucis avec le sexe opposé ne font que commencer…
Premier bon point, Jake West se soucie de toute évidence de ses personnages et donne à chacun d’eux un caractère bien défini, ce qui fait que l’on s’attache rapidement à eux. Et malgré le nombre conséquent de héros, West s’applique à tous les rendre intéressants et actifs dans le métrage et évite du coup le syndrome « personnage chair à canon » si souvent présent dans les films de genre. Non, ici ils auront tous leur instant de gloire (on n’a pas de personnage insignifiant ou détestable prêts à être sacrifiés) et serviront l’intrigue à un moment ou à un autre, même si certains sont plus importants que d’autres. L’autre bon point à ce niveau, c’est que West évite de décimer la moitié de son casting dès la première bobine. Il préfère bien développer ses personnages avant de commencer à en sacrifier quelques-uns dans le dernier tiers du film, ce qui fait que la mort des personnages secondaires sera généralement assez douloureuse pour le spectateur. Un souci d’écriture qui fait plaisir à voir et permet de réellement rentrer dans le film. D’autant que tous les protagonistes sont incarnés par des acteurs chevronnés qui visiblement s’éclatent comme des petits fous avec ces personnages hauts en couleur. Danny Dyer notamment est excellent en coureur de jupon puni d’une manière assez horrible. Difficile de ne pas être hilare lorsqu’il tente de draguer une énorme bonne femme zombie qui veut lui boulotter les doigts !
Face à eux, on trouve une impressionnante galerie de femmes zombies très agressives. De toute évidence, Jake West a apprécié les classiques de Romero mais en a surtout retenu les zombies portant leurs costumes de travail. On se retrouve du coup avec pour une fois des zombies très variés et reconnaissables: la mariée, la coiffeuse avec ses ciseaux mortels (qui n’est pas sans évoquer la Julie du Retour des Morts-Vivants 3), la dentiste, la grand-mère, la tenancière de la boutique de magie avec son énorme épée, la femme obese, etc. Des monstres qui font plaisir à voir, maquillés avec du bon vieux latex des familles, ce qui leur donne un cachet indéniable. Pour les combattre, nos vaillants hommes modernes auront besoin de tout leur sens de la débrouille et utiliseront toute une panoplie d’armes. Et c’est là que le film se montre génial, puisque dans cette étrange guerre des sexes, les héros utiliseront des ustensiles typiquement masculins : ballons de foot, clubs et balles de golf, voiture radiocommandée, pistolets à eau transformes en lance-flammes… On pourra regretter le fait que certaines idées sentent un peu le réchauffé (le coup de se déguiser en femmes pour passer inaperçu au milieu des zombies, clairement repompé à Shaun of the Dead), mais d’autres séquences valent leur pesant de cacahouètes (la « télécommande à femmes », la tête coupée sur la voiture radiocommandée pour détourner l’attention…).
Au niveau réalisation, Jake West s’en tire avec les honneurs, compensant son maigre budget par une inventivité de tous les instants. On pardonnera donc le côté un peu bordélique de certaines séquences et le fait que certaines pistes ne sont pas totalement utilisées (notamment l’implication des élus locaux dans la propagation du virus), puisque le film fait preuve d’une efficacité sans faille. A partir du moment où les héros pénètrent dans Morley, le film démarre pour ne plus s’arrêter jusqu’à la fin. C’est un véritable festival de gags, de répliques percutantes, d’action et de gore qui se déroule sous les yeux du spectateur ravi. Le film ne fait pas vraiment peur, mais il est tellement rythmé qu’on se laisse très vite emporter par sa folie de tous les instants et qu’on ne s’ennuie jamais. Pas vraiment de message ici, si ce n’est une ode à l’amitié masculine, mais un vrai bon divertissement qui fait plaisir.
Sans atteindre les cimes d’un Shaun of the Dead, Doghouse est tout de même une très sympathique péloche comico-horrifique qui ravira les amateurs. Un film un peu foutraque parfois mais toujours honnête dans son souci d’en offrir le plus possible à un spectateur hilare devant ce déferlement de gags. Décidément, les Anglais sont toujours les meilleurs lorsqu’il s’agit de mêler horreur et humour…
Note : 7.5/10