Je vais faire ma politiquement incorrecte, mais j'avoue avoir du mal à comprendre l'engouement suscité par Home. Je veux dire, évidemment qu'il faut protéger notre planète, et évidemment qu'il est temps de se mobiliser individuellement au quotidien. J'ai effectivement vu de belles images, mais qui m'ont beaucoup moins touchée que des émissions comme Ushuaïa savaient le faire, et je crois que c'est du à plusieurs choses.
Premièrement au fait que la réalisation nous emmène constamment d'un continent à un autre, et d'un climat à un autre, enfin, c'est ce que l'on le suppose au vu de la variété des images... Et c'est en effet l'un de mes grands reproches puisque à part quand le lieu est cité dans le commentaire de Yann Arthus Bertrand, rien n'indique où l'on se trouve (ni planisphère, ni nom de lieu), et j'ai trouvé cela extrêmement frustrant. Si vous êtes touché ou intrigué par l'un des lieux survolés, il faut vous rendre sur le site internet, et cliquer sur le globe pour essayer de retrouver l'image qui vous a ému... J'aurais voulu connaître le nom de chaque animal, celui de chaque ethnie, celui de chaque région... Comment peut-on donner envie de protéger une planète en ne montrant que des images? en n'enseignant rien? en ne restant qu'à un niveau superficiel d'explications? Vous me direz qu'à la fin il y a cet abécédaire (si je puis dire, l'ordre alphabétique n'étant pas toujours respecté) des pays. Certes.
Deuxièmement, j'ai entendu tellement de chiffres que je n'ai ai retenu aucun. C'est vrai que je n'ai pas pris de notes, et du coup, la seule chose qui me reste de Home, c'est que les pays industrialisés poussent le bouchon trop loin, et que l'arrogance de l'homme ne connaît pas de limites. En résumé, rien de très nouveau... Je suis également très réservée sur la diabolisation de certaines images et de certains modes de vie via le commentaire. J'imagine qu'il a obtenu de tout le monde toutes les autorisations nécessaires pour le droit à l'image, mais je ne peux pas dire que j'approuve la démarche d'aller filmer des personnes dans leur vie de tous les jours, en train d'exercer leur métier (avez-vous remarqué ceux qui clairement regardent la caméra... savent-ils pourquoi ils sont filmés?) pour ensuite en faire un pamphlet, même s'il se veut optimiste.
Troisièmement, Yann Arthus Bertrand est certainement un grand photographe, mais utiliser une seule personne pour lire un commentaire, surtout comme il le fait, de manière très monocorde, ce n'est sans doute pas la meilleure manière de garder l'intérêt des spectateurs, enfin, le mien, en tous les cas. Ajoutez à cela que tous les cinq mots en moyenne vous retrouverez un mot issu de la liste suivante, et vous commencerez sans doute à comprendre pourquoi j'ai décroché: trois-quart; moitié; pourcent; lien (ou encore "tout est lié"); maillon.
Quatrièmement, j'apprécie peu que ce documentaire ait pu servir des intérêts politiques (la date de sortie ne pouvait pas être une coïncidence, faut pas nous prendre pour des truffes)... et encore moins les séquences d'intro et de fin qui introduisent toutes les marques du groupe PPR. J'ai eu du mal à lire les petites lettres du générique, mais j'ai quand même entrevu que le film avait été "compensé carbone". Ah oui, il n'a pas fait tout ça seul depuis une montgolfière? Au-delà des déplacements, je n'ose imaginer les heures passées en vol à attendre la bonne image, dans les bonnes conditions météo. C'est un peu hypocrite, non, pour un gars qui a ce privilège de voyager partout et de voir tout ce qu'il y a de plus beau dans le monde de dénoncer notre société basée sur le pétrole?
Allez, je termine cette review (discordante avec l'opinion générale, je le reconnais!) par une imitation de Nicolas Canteloup... à écouter avec l'esprit ouvert! Nicolas Canteloup le 9 juin sur Europe 1 (si vous êtes pressé, allez directement à 8mn 53s)
Réalisé par Yann Arthus-Bertrand. Produit par Luc Besson. Sorti le 5 Juin 2009.