Je commence aujourd’hui un nouveau type d’articles, et partage avec vous quelques-unes de mes lectures sur la Chine. Un livre d’Yu Hua pour débuter, un auteur contemporain que j’apprécie beaucoup.
Le vendeur de sang est un livre pédagogique et touchant à la fois.
Comme dans beaucoup d’autres romans de Yu Hua, il s’agit d’une histoire familiale mouvementée sur fond d’une histoire chinoise tourmentée. La toile de fond du Vendeur de sang est la même période que celle de Vivre, qui a été porté à l’écran par Zhang Yimou et primé au festival de Cannes. La République Populaire de Chine vient de naître, les hommes ne sont que des petites pièces qui comptent peu dans le grand puzzle qui les domine.
La vente du sang est le fil rouge de l’histoire. C’est grâce à ce procédé alors lucratif mais dangereux (nous sommes entre les années cinquante et soixante) que Xu Sanguan, le chef de famille, arrive à sortir sa femme et ses enfants de situations critiques. Entre le Grand bond en avant et la Révolution culturelle, aucun tourment ne leur est épargné. Famines, répudiations publiques ou au sein même des familles, exil forcé ponctuent la trentaine d’années que le lecteur passe en leur compagnie.
La mort fait partie du triste quotidien dépeint. Même si on tremble à plusieurs reprises pour Xu Sanguan, sa femme et leurs trois enfants – nommés, pour le plus grand paradoxe, Premier, Deuxième et Troisième Plaisir – ils arrivent malgré tout à survivre. L’énergie et l’acharnement à vivre animent en effet le personnage principal.
Comme dans Vivre, l’auteur nous fait côtoyer de l’intérieur ces sombres heures de l’histoire chinoise. On comprend mieux ce que des milliers de familles ont vécu pendant des décennies où l’ouverture et l’individualisme étaient alors loin d’être les maîtres mot en Chine.