Les fondateurs avaient déjà réalisé, en 1909, que l’urbanisation croissante allait détruire la nature et le paysage. Qu’a pu faire Pro Natura?
Ils ont réussi, en quatre ans, à préserver définitivement un morceau de nature sauvage. Aujourd’hui, en raison de l’exiguïté du territoire, une protection totale devient très difficile. Il est donc plus raisonnable de défendre la création de parcs régionaux sur la base d’un développement durable. C’est-à-dire qu’ils englobent aussi une agriculture de proximité et un élevage mesuré. Cette approche n’empêche pas de lancer un appel pour un nouveau parc national. Quand les projets sont bons, le public répond présent, prêt à mettre la main à la poche pour les soutenir.
La population suisse a donc,selon vous, intégré l’importance de la protection de la nature?
Ce qui est sûr, c’est que le combat de Pro Natura a permis d’inscrire en 1962 déjà la protection de la nature dans la Constitution. A suivi un cortège
fantastique de lois sur l’aménagement, la protection des eaux, des zones marécageuses, le droit de recours des associations: un arsenal important. Il fallait bien ça pour espérer contrer un tout petit peu le développement économique sans précédent qui, depuis les années 60, a eu pour conséquence de saccager, en Suisse et dans le monde, bien des ressources naturelles. Aujourd’hui, c’est avec l’initiative pour le paysage que nous nous battons, afin qu’il cesse d’être morcelé à un rythme effréné.
N’est-il pas également nécessaire d’agir au niveau local?
La grande force de Pro Natura, c’est son fédéralisme. Vingt-trois sections qui peuvent défendre les 600 réserves naturelles du pays, mais aussi être présentes sur le terrain politique et au plus près des jeunes (une préoccupation des fondateurs). Pro Natura, ce sont surtout des bénévoles. Et quand les gens agissent devant leur porte, cela forge une conscience cohérente. Pourtant, même après cent ans de travail, Pro Natura n’a pas fait son temps. Il faut que la voix de la nature continue à retentir.