On te le dit et on te le répète:
Les Iraniens sont de barbares mahométans dont les horloges nationales (des sortes de menhirs grossièrement taillés dans le basalte) se sont arrêtées aux environs de deux heures moins le quart, en l’an de grâce 732.
On te dit aussi (et on te le répète, car la pédagogie est un éternel recommencement, demande donc aux charmants bambins des colonies qui repassaient leurs leçons en ânonnant religieusement nos ancêtres les Gaulois), que l’iranien de base est évidemment un être primitif, un peu plus évolué qu’un homme de Neandertal (mais guère davantage), un barbu hirsute à moitié nu qui passe la totalité de son temps à enrichir de l’uranium dans des yaourtières en pierre afin de raser l’Avenue Foch et le Moulin Rouge, tandis que sa femme occupe ses journées à tricoter des burqas avec la laine de ses chèvres sauvages (car l’iranien moyen ne subsiste que grâce à l’élevage de quelques bêtes faméliques, étant entendu qu’il ne dispose même pas de l’électricité, encore moins du téléphone mobile ou de l’accès à internet).
Par ailleurs, on te l’a assez dit (et répété, j’insiste), le français, lui, est un grand démocrate civilisateur dont les valeurs morales et l’engagement citoyen n’ont d’égales que la capacité républicaine à s’engager pour la Cité et l’attachement viscéral à l’expression démocratique du Peuple (note la majuscule, on n’est pas en Iran, que je sache).
Il n’empêche.
Tu permets?
Je m’interroge.
Taux de participation moyen aux élections européennes dans nos vertes campagnes et nos modernes cités européennes: 43, 24%.
Taux de participation aux élections présidentielles chez les barbares persans: environ 85%.
Et si l’on ose tenter (soyons fous) la comparaison entre les réactions du bon et grand peuple de France (qui, je te le rappelle, se dit très remonté contre son gouvernement, qu’il soupçonne à 63% d’essayer de lui enfiler contre son gré quelques couleuvres de taille respectable par un orifice que la décence m’interdit de nommer ici) et celles des barbares tribus barbues en babouches (qui semblent également avoir, à peu de choses près, le même genre de pensées que le Français moyen depuis quelques jours), si l’on ose tenter la comparaison, disais-je, il y a de quoi s’interroger encore.
"La jeunesse boit de l’eau pétillante et les anciens combattants, des eaux de régime", disait Audiard dans Les tontons flingueurs.
Il faut croire que la jeunesse persane, avide du sang des mécréants comme on se tue à te le répéter (es-tu sourd, ou seulement obtus?), est pourtant plus apte à se mettre aux bulles libertaires et rafraîchissantes que nos braves retraités du terroir, grands amateurs d’eau de Vichy.