Hadopi : une Loi qui s'attaque aux effets, pas aux causes

Je viens de voir un post de Pierre Ouziel regrettant que son soutien à Hadopi lui génère nombre de commentaires déplacés voire carrément injurieux. Je comprends son point de vue, la contradiction peut être portée sans verser dans l'insulte.

J'ai vu qu'il était favorable à Hadopi et qu'il regrettait la censure d'une grande partie de cette Loi par le Conseil Constitutionnel. Cette censure n'est d'ailleurs pas étonnante : le texte est complexe, mal fichu et à mon sens inefficace. Le contrôle des Internautes va être couteux et va forcément aboutir à d'énormes injustices : on aura rapidement le cas de personnes de bonne foi poursuivie parce qu'un petit malin aura craqué leur accès Internet et aura chargé des contenus par ce biais. Par ailleurs, la question du streaming n'est pas abordée alors que la plupart des films récents sont disponible très facilement sur des sites dédiés.

A mon sens, rien n'est réglé avec cette Loi : l'industrie des contenus n'a toujours pas inventé dans bien des domaines des business models crédibles adaptés aux médias électroniques. Les services de VOD sont d'une qualité douteuse (pas de V.O, installation fréquente de logiciel assez peu ergonomiques...) avec des tarifs peu interessants. Honnêtement, je trouve l'expérience utilisateur et le catalogue de film plus intéressants sur des sites de streaming que sur les offres VOD. Un comble ! A quand une stratégie disruptive comme ce qui se fait en Inde. Là-bas, le principal producteur de DVD (légaux) a mis au point un processus révolutionnaire de gravage de DVD. Les producteurs locaux n'y ont pas cru, alors l'entreprise a acheté les droits des films et arrive à sortir des DVD à 1 USD ! A ce prix, le piratage n'a plus aucun intérêt.

Sur la musique, les coûts sont désormais plus raisonnables et l'offre devient franchement intéressante avec des sites comme Deezer. A mon sens, des sites comme Deezer font plus contre le piratage que n'importe quelle Loi Hadopi. D'ailleurs, Deezer sera certainement intégré sous peu aux forfaits mobile. Un moyen de consommer sa musique en illimité tout en payant le contenu.

Enfin, sur les logiciels, le facteur coût reste à mon avis essentiel. Les consommateurs sont prêts à payer de manière raisonnable (Apple Store) ou à accepter la publicité pour avoir accès à du gratuit (Facebook). Les logiciels devront revoir leur politique tarifaire à ce niveau là.

En conclusion, Hadopi ne s'attaque pas aux origines de la crise des industries produisant du contenu. Cette Loi va retarder l'échéance (et encore) mais les industriels n'y couperont pas : ils devront revoir en profondeur leur business model et réduire de manière drastique leurs prix. Les clients ne sont pas prêts à revenir en arrière.