A l’évidence cet homme là est dérangé. Mais il est pourtant fabuleusement fin, dans la grande tradition des perses dont Amin Maalouf nous à si bien dressé le portrait.
L’ami venu de l’Est est en effet un curieux mélange. Il tient de l’épicier du coin son accoutrement relativement iconoclaste dans le monde feutré de la diplomatie mondiale, sans que cela ne l’embarrasse nullement. Mais dès lors qu’il sourit c’est une espèce de malaise profond qui s’installe. Derrière ce sourire, toute personne un tant soit peu au fait de l’actualité perçoit la présence d’un psychopathe en puissance. Pas qu’il mange des enfants au petit déjeuner, non mais cette irrépréssible impression que l’intelligence de cette homme est toute entière dirigée vers un but, celui de faire de l’Iran un grand de la scène mondiale.
Il faut bien le dire, les gesticulations bushiennes facilitent considérablement la tâche de notre apprenti sorcier, jetant sur lui l’opprobe publique et la lumière médiatique avec la même frénésie, celle qui sied aux bênets
Et pourtant Mahmoud Ahmadinejad, puisque c’est lui dont il s’agit, n’est pas un baltringue de la politique diplomatique. On pourra trouver légèrement extravangant de déclarer qu’Israël est une verrue qu’il faut anéantir, mais tous ceux qui goûtent les bons mots ne peuvent qu’apprécier ce petit homme là.
Car il faut bien l’avouer, répondre de façon aussi détachée que oui la peine capitale existe en Iran mais qu’il ne voit pas pourquoi cela pose question quand la plus puissante démocratie du monde l’a aussi c’est finement joué.
Quant à sa sortie concernant notre ministre des affaires étrangères elle vaut son pesant de tacle au genou.
Les Français «cultivés» ne veulent pas d’une guerre avec l’Iran. Bien sûr, il faut donner plus de temps au ministre des Affaires étrangères pour acquérir davantage d’expérience à son nouveau poste. Après, je suis sûr qu’il parlera avec plus de maturité
Pas à dire il ne faut pas le chercher. D’autant qu’il se pose désormais en pacifiste du nucléaire en mettant en avant l’adhésion déjà ancienne de l’Iran à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En effet chaque pays membre a droit au nucléaire civil qui représente à l’heure actuelle la source la plus “sûre” d’autonomie énergétique1 et cela permet en plus aux occidentaux de placer leurs réacteurs dernières génération. Une opportunité saisie au vol par notre président qui essaime au moyen-orient les EPR comme d’autre les avions de chasse2 .
En s’auto-oignant de crédibilité pacifiste, au son des trompettes du développement légitime de la société iranienne, l’épicier pyschopathe fait déjouer les grandes nations. C’est là son plus beau tour. Les perses étaient peut être parmi les plus fins barbares3 de l’époque, leur descendant se montre à la hauteur, pour le moins.
Au fait, les pyschopathes ne sont en général pas les fous furieux que l’on veut bien dépeindre. Intelligents au possible ils ont une conscience aiguisée des normes sociales, et leur transgression est très majoritairement volontaire, calculée. L’intelligence au service d’un objectif personnel de manipulation et d’évitement conscient des règles.
Je ne suis pas certain que le petit épicier soit le plus effrayant quant il part dans des délires verbaux. C’est au contraire lorsqu’il recouvre les aspects soyeux et lisses de la normalité qu’il est le plus menaçant.
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