Comme l’écrivait Françoise Fessoz dans les colonnes du Monde du 12 juin, Brice Hortefeux c’est “L’élu malgré lui“. Invité de l’émission dominicale Le rendez-vous politique (France Inter-iTV-Le Monde) le ministre du travail et des relations sociales a persisté dans son explication fumeuse. “J’avais dit très clairement que je n’étais pas candidat pour être élu. C’est-à-dire que j’étais candidat de manière totalement désintéressée, simplement pour accompagner, pour pousser, pour faire partager des convictions“.
Mais voilà, Brice Hortefeux, surnommé par les Auvergnats le ministre de Clermont, a été trop bon, élu contre toute attente député européen dans la région Massif Central-Centre. A l’Elysée on a vite cherché la parade sémantique pour éviter à avoir à se séparer de cet ami de trente ans si précieux pour mettre en œuvre les réformes qui sentent le soufre.
Dès lundi matin, le secrétaire général de l’UMP déclarait à propos de l’intéressé : ” il s’est engagé dans cette campagne de manière totalement désintéressée, il n’était pas candidat en tête de liste. Mais dans sa région qu’il aime beaucoup, la région Auvergne, il avait décidé de venir en soutien de cette liste. Et puis franchement le succès tel, inimaginable dans cette région fait qu’aujourd’hui on a plutôt à gérer le succès“.“Moi je pense qu’on a besoin de Brice Hortefeux au gouvernement” avait ajouté Xavier Bertrand, traduisant le sentiment présidentiel sur la question.
“Désintéressé” le mot a été soigneusement lâché. Il va être martelé. “Les uns avaient dit qu’ils voulaient siéger moi, j’avais indiqué que j’étais candidat de manière désintéressée” a répété ce dimanche en bon élève studieux le ministre juste avant d’échapper dans un moment de franchise incontrôlée “c’est assez rare d’ailleurs en politique d’être candidat pour ne pas être élu“.
Agacé d’être titillé par les journalistes sur sa situation personnelle, le ministre du Travail a remis dimanche malgré lui sur la table, la question du report de l’âge du départ à la retraite dévoilant ainsi la feuille de route confiée par l’Elysée. Brice Hortefeux devrait donc être l’homme qui portera le relèvement de l’âge de la retraite afin de tenter de résoudre le problème de déficits abyssaux à venir des régimes français au moment où le trou noir de la sécurité sociale devrait atteindre 20 milliards en 2009, 30 en 2010.
Il y aura donc une exception Hortefeux à la jurisprudence fixée par Nicolas Sarkozy. Mais après tout peu importe de savoir qui servira la soupe. On sait déjà que même à la recette Auvergnate, elle sera à la grimace.