La victoire du président sortant, Ahmadinejad, en Iran, a surpris et choqué certaines capitales occidentales. Elle a aussi jeté dans les rues des manifestants. Pas franchement une révolution, mais des heurts violents, davantage relayés par le Web et le micro-blogguing (Twitter) que par les (rares) reportages de CNN.
Les clichés contre la réalité
On a pu être surpris de la mobilisation électorale vendredi dernier. On imaginait l'Iran quadrillé et sous contrôle. De retour d'Iran, un jounaliste franco-iranien rapportait la semaine dernière combien la réalité iranienne est plus diverse. "Les journalistes iraniens arrivent à informer la population, malgré un salaire de misère, malgré des journaux qui se ferment, malgré le fait qu’il y ait une censure, ou plutôt une autocensure,. Celle-ci prédomine car pour les journalistes, il est important de préserver le journal de la fermeture, de ne pas finir en prison. Mais il y a une possibilité de dire les choses, entre les lignes. Les Iraniens s’intéressent à l’information, ils écoutent surtout les radios et les télévisions étrangères, comme dans tous les pays fermés. La société est très politisée, on parle de politique partout." La liberté de ton existe, tant que certaines lignes ne sont pas franchies. Et la violence de la répression des manifestations d'opposants maintient ... la pression.Des journaux iraniens ont exprimé leurs préférences pour le candidat Moussavi. Dimanche, l'actualité se suivait sur Twitter, facebook ou BBC.co.uk.
La diplomatie en échec ?
Vincent Jauvert juge, sur son blog, que la réélection de Mahmoud Ahmadinejad est le premier échec diplomatique de Barack Obama. ce dernier, au Caire, avait tendu la main au monde musulman.
C'est aller un peu vite en besogne. Avant l'élection, le journaliste iranien Hossein Hosseini expliquait pourquoi Ahmadinejad allait vraisemblablement gagner le scrutin présidentiel : (1) les présidents sortants ont toujours gagné leur réélection en Iran; (2) Ahmadinejad a axé sa campagne vers les classes populaires, majoritaires dans l'électorat, (3) tous les échelons politico-administratifs du pays ont été renouvelés et confiés à des fidèles du président. De surcroît, un récent attentat, le 29 mai dernier, qui a fait 19 morts dans une Mosquée, sert les intérêts du pouvoir sortant.
En France, Nicolas Sarkozy avait tenu une position différente de celle de son homologue américain : début juin, il s'est déclaré choqué par les déclarations antisémites du président iranien. Mais, quelques jours plus tard, lors de la visite en Normandie d'Obama, il a dit et répété qu'il était prêt à ce que l'Iran ait accès à la technologie nucléaire civile, sous réserves que l'Iran accepte les contrôles des installations nucléaires iraniennes par l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA). Cette position semble irresponsable, car (1) l'Iran maîtrise déjà le nucléaire, et (2) une fois le nucléaire civil maîtrisé, les applications militaires sont à portée de main.
Dimanche, le conseiller "spécial" Henri Guaino a déclaré que "ce qui se passe en Iran n'est évidement une bonne nouvelle pour personne, ni pour les Iraniens, ni pour la stabilité du monde". "Le fait qu'il y ait des émeutes, des arrestations, que les gens soient poursuivis, mis en prison, brutalisés n'est une bonne nouvelle pour personne" (...). "Nul ne peut juger d'ici ce qu'a été la régularité ou non de ces élections". Mais "Mahmoud Ahmadinejad est là". "Ca ne simplifie pas la tâche de tous ceux qui dans le monde veulent prendre en considération l'Iran, le respecter et veulent dialoguer avec lui".&alt;=rss