Il paraît que l’expression « to have a history of violence » veut dire que l’on a un passé violent, mais j’aime bien l’ambiguïté du titre du film de Cronenberg, qui suggère que l’on va voir comment naît la violence. Et c’est bien cela : l’irruption de deux bandits dans le restaurant de Tom Stall (Viggo Mortensen, méconnaissable) le pousse à commettre un double meurtre, pour protéger sa serveuse. Voilà cet homme sans histoire hissé au rang de héros local, interviewé par toutes les télés. Autre violence que cette intrusion. Puis sa famille est menacée par des malfrats qui croient reconnaître en lui un assassin, et c’est l’engrenage de la violence, qui vient contaminer le noyau familial lui-même, transformant les rapports au sein du couple, entre le père et ses enfants, transformant même les enfants du tueur.
Le film a donné lieu à d’innombrables interprétations, qu’on le voit comme une relecture de l’histoire américaine, une dénonciation de la monstruosité de la famille, un nouveau western, un film d’horreur, une tragédie… et c’est tout à fait légitime, tant il est riche dans sa sobriété même.