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Au Modem, les électeurs sont volatils…les militants aussi !

Publié le 14 juin 2009 par Soseki

Si la déception est forte dans les rangs démocrates à l’issue des élections européennes, cette impression devrait de mon point de vue être largement modérée.  Au fond, ces élections ont prouvé qu’il est possible de mobiliser environ 25% d’électeurs en dehors du bipôle traditionnel autour d’idées centristes, européennes et favorables à un développement durable. C’est ce seuil qu’il faudra atteindre à François Bayrou pour passer le prochain premier tour de la présidentielle.

Le problème c’est que si cet électorat existe, le Mouvement démocrate n’a pas su le mobiliser pour lui. J’avais déjà signalé dans une précédente contribution « Pourrais-je avoir un peu d’Europe dans mon antisarkozysme » que la stratégie du patron béarnais, essentiellement axée sur la dénonciation des abus sarkosystes ne suffirait pas à cristalliser cet électorat. Avec cette stratégie, nous avons en quelque sorte préparé le terrain, mais dans un contexte de volatilité extrême des électorats, où les décisions se prennent dans les deux derniers jours, cela ne suffisait pas pour capter et fidéliser l’électeur. En gros nous avions une bonne marque, mais pas le bon produit. De plus, avec cette stratégie, le Modem est pour une part responsable du bon score de l’UMP, car cela a appelé en retour un mouvement de soutien à Sarkozy de la part de l’électorat plus conservateur. Le manque de propositions concrètes était déjà l’élément manquant dans la présidentielle de 2007 pour gagner le gros lot, mais là c’est bien moins compréhensible car pour cette élection, avec l’Europe, le Modem jouait à domicile. Après le Non au référendum, François Bayrou a-t-il pensé un seul instant qu’il convenait de ne pas trop s’exposer en s’affichant pro-européen ? Je ne le pense pas, sincèrement.

Alors rassurons-nous ! Les Verts de Cohn Bendit n’ont aucunement gagné cet électorat de manière pérenne. Je ne crois absolument pas pour ma part à une conversion massive à l’écologie des français. J’ai constaté avec de nombreux exemples que les électeurs de DCB sont des socialistes déçus, qui auraient pu voter Modem, mais ont en définitive préféré le Vert, pour sanctionner le PS. Disons simplement qu’une part des français, à force de sensibilisation, a compris que l’environnement est un problème sérieux et ne considère plus l’écologie comme un idéalisme ou un repoussoir. De plus les Verts se heurteront rapidement à leur incapacité à structurer un mouvement. Enfin, le réflexe de vote utile n’a pas joué pour cette élection, mais pourrait revenir en partie dès qu’il s’agira d’une élection considérée par les français comme à enjeu.

A la limite, ce qui m’a le plus déçu dans cette fin de campagne, ce sont les militants du Modem. Quel manque de fidélité ! Quelle capacité à se retourner contre Bayrou de la part de ceux-là même qui le considéraient comme un gourou ! Bien sûr qu’il a fauté, mais est-ce bien le rôle du militant que de le lyncher pour ça ? La plupart de ceux là n’ont qu’un seul point commun : un antisarkozysme primaire – comment peuvent-t-ils critiquer, eux, cette stratégie de campagne ? (parmi ceux là d’ailleurs JF Kahn, il n’a aucune crédibilité sur ce sujet – il ne s’est fait une place qu’en prononçant le nom de Sarkozy dans chaque phrase depuis 3 ans ! Et dans Marianne en plus il dit qu’il pensait de son côté dans l’Est renverser la tendance…on croit rêver : c’est ça aussi les candidats société civile). En quelques jours j’ai tout entendu et tout vu : des assesseurs qui désertent leur place dans les bureaux parce qu’ils ont visionné une vidéo pourrie des Verts mettant en cause Bayrou avec Bongo ; des militants déclarant avoir voté blanc après le débat avec Cohn Bendit ; un candidat qui se demandait si Bayrou avait prémédité l’attaque de Cohn Bendit pour jouer sur « le conservatisme et le populisme»… ; et enfin comme on pouvait s’y attendre, repris évidemment en boucle sur les radios, les déclarations hostiles de militants le soir de l’élection comme par exemple « à la limite le problème du Modem c’est Bayrou ». Sur ce plan aussi il y a du travail à faire pour reconstituer un réseau de cadres matures, qui ne se liquéfient pas à la première difficulté venue. Savent-t-ils tout le chemin parcouru par Bayrou pour en arriver là ? Car, rappel pour les nouveaux, avant les 18% de 2007, il y en a eu des bas aussi. Et donc après celui-ci, il y aura des hauts.


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