Formée dans les bas fonds lyonnais il y a déjà quelques années, la première version Ravenhill fut folk. Le temps d’user quelques acoustiques dans des caves macabres devant des gosses toujours plus nombreux, avec beaucoup de pisseuses il faut le souligner (la pisseuse étant très bon public mais souvent pas très belle) et l’histoire devint électrique.
Saucisson et overdrive
Après une année de tournée dans la France des clubs rock underground (la ligne droite de l’Intermédiaire marseillais à l’International parisien), Ravenhill sort son premier album enregistré maison dans la paille électrique du Beaujolais sans la crasse des grandes villes mais avec le vide et la folie des grands espaces. Tu m’étonnes. Il faut le voir pour le croire. Cette putain de ferme perdue dans les collines du beaujolais, c’est notre Arizona à nous. T’as presque envie de chercher frénétiquement les cendres de Gram Parson ou de Nino Ferrer. Au bout de quelques jours d’enregistrements et après avoir mis dans la boite quelques jam infernales, les mecs perdent tout.
Le bug informatique. Psychose des temps modernes. Imaginez Syd Barrett devant trois écrans d’ordi. L’équivalent d’un incendie de studio dans les sixties.
En deux jours Ravenhill réenregistre tout dans une rage certaine. Gare au manque de concentration. L’inquisition fut sans pitié et bien entendu, les mecs grincèrent des dents à l’écoute de cette deuxième session forcée. Mais bon les gringos en question sont plutôt du genre très cools, alors 1 ou 25 prises, pas de quoi se raser le crâne et de tout arrêter.
Roll me an other one !!
Un album psyché dans les règles de l’art. Il n’y a aucun doute la dessus. 8 morceaux et de longues plages planantes le temps de rouler par demi douzaine. Mais pas de nostalgie sitar et babooshka. Pink Floyd’72 avant tout. Classique et majestueux. Le groupe a une fougue sixties mais vogue plutôt en terre 90’s. The Bends de Radiohead pour ses plus belles brûlures ou la violence électrique de The Verve. C’est fou que j’arrive à citer Radiohead positivement. Des mélodies graves, une voix profonde façon The Dears, un orgue malsain et des guitares bien destroy, Ravenhill reprend un flambeau trop vite abandonné parce que saccagé et destiné uniquement à des groupes qui savent jouer. Le Radiohead d’avant Kid A a fait beaucoup de mal au rock amateur. Le mix Noir Désir/ Muse /Radiohead. Il regorgeait jusqu’à peu d’annonces de groupes dans ce genre. Le cauchemar. Voilà pourquoi j’ai toujours pris avec pincette les allusions à Thom York, dernier grand génie du rock n’roll.Growing too fast ouvre donc le disque, un chef d’œuvre de mélancolie. Un regard triste et violent sous haute tension électrique parsemé de douceur et de xylophone. Rainbow symbolise très bien ces envolées grinçantes vers un monde baba cool, sans doute l’effet Beaujolais. Un élan fraternel, rare chez les groupes actuels, qui pousse le narguilé Ravenhill dans des fumées magiques et hallucinantes. Un très bel album.
Bon assez de pommade les mecs.
Le groupe mériterait toutefois un bon grand studio analogique pour graver les bandes dans l’éternel. Le numérique est le mal être des temps modernes, ce n’est plus à prouver. Un fait maison toutefois honorable. Labels, directeur artistiques mes couilles et mécènes excentriques en tout genre, réveillez vous bande de salopards !!
En attendant dans le Beaujolais il y a toujours cette putain de ferme habitée par ces freaks paisibles au rock acide. Le Festival Willstock approche et la grande messe annuelle de Ravenhill façon Rock n’roll Circus risque une nouvelle fois de voir Emily fricoter avec Arnold Layne. Un grand compte d’enfant aux bonnes odeurs d’opium. Yer blues John !!
www.myspace.com/ravenhillsongs