C'est connu : moins on blogue, moins on blogue. Et inversément. Dans mon dernier billet, alors même que j'en écrivais la fin, je sentais déjà qu'il allait falloir y revenir, sur cette question de rénovation. J'écrivais donc :
C'est grave, mais la solution a déjà été trouvée. Il suffit de rénover. En profondeur. Pour de vrai. Les cris à la rénovation n'ont servi jusqu'à présent qu'à étouffer les envies de changement. "La rénovation? On s'en occupe." Rénover pour être sûrs que rien ne bouge, pour contenir les changements. Étouffer avec une commission. Gérer les volontés de changement. Ce sont des bons gestionnaires, après tout.
Il faut distinguer deux choses. D'un côté, la "rénovation" éventuelle du PS ; et de l'autre les appels à la rénovation, la rhétorique de la rénovation. Celle-ci, nous savons qu'elle existe. La première, en revanche, à l'heure où j'écris ces lignes, n'a aucune existence réelle et n'est, au mieux, qu'une hypothèse, un voeu. Je ne dirais même pas une fiction, parce qu'à la différence d'un bon roman, ou même d'un mauvais, nous ne savons même pas à quoi ressemblerait ce fameux PS "rénové".
Quelqu'un m'a dit une fois que le taux de réussite des météorologues serait meilleur si, au lieu de faire des calculs, ils disaient systématiquement que chaque jour il ferait le même temps que la veille. Je ne sais pas si c'est vrai, mais il me semble que l'on pourrait appliquer le même principe au PS : il y a très fort à parier que, malgré toutes les promesses, déclarations, exhortations, admonestations, recommendations, etc., le nouveau PS sera identique au PS actuel.
Je vous entends déjà soupirer : Quel fataliste ! Il faut positiver au contraire...
C'est ça. Oui.
Non, je persiste : l'atonie actuelle, le marasme et la flacidité idéologiques du PS sont en fait la représentation parfaite du rapport de forces entre les VIP du Parti. Synthèse (anti- et pro- TCE) sur synthèse (fabiusiens et déesse-khaniens unis par leur anti-sorcièrisme). Nous savons que dans les luttes internes, les prises de positions sont des pions que l'on avance. Comment pourrait-il en être autrement pour des idées nouvelles ?
Le pire, c'est qu'au PS on est, semble-t-il, persuadé qu'il n'y a même pas besoin de nouvelles idées. Arnaud Montebourg répondait ainsi l'autre jour à un internaute qui avait commenté sa "Lettre d'un socialiste qui espère" :
Je ne crois pas qu'il faille à chaque fois traiter de toutes les questions afférentes à un programme de gouvernement ou de parti. Le PS regorge d'ailleurs de textes sur ces sujets. Le problème c'est qu'ils sont inaudibles. [Je souligne, o16o.]
Pour le diagnostic : oui, ils sont bien inaudibles, tous ces textes dont le PS regorge. Faute à qui ou à quoi ? Il y en aurait trop, finalement? Le programme du PS est littéralement "trop fort"? Simple problème de com', finalement. Pas la peine de repenser quoi que ce soit ; il suffira de trouver la bonne technique de gouvernance et le reste viendra tout seul, tout cuit?
Le PS dispose donc de toutes ces idées, de ce super-programme, dont personne ne veut. Il y aurait beaucoup à dire sur ce programme : mosaïque de micro-mesures, donc illisibles ? absence de relai chez les PS people ? contradictions soujacentes, conséquences des synthèses et des arrangements historiques ? Mais peut-être le plus grave est le fait de croire que toutes les idées sont déjà dans la boîte. Le Parti à des idées à en revendre, on ne va quand même pas commencer à réfléchir... À partir du moment où le Parti "regorge" d'idées, pourquoi changer, en effet ?
Reste donc le bidouillage : primaires ouverte à la gauche (à condition que le candidat socialiste gagne bien sûr), comité des sages. Reste surtout la rhétorique de la rénovation ("au boulot", "on rénove 24 heures sur 24"). Ce n'est pas couteux, ça n'engage à rien, on peut faire son petit effet.