Un livre qui fait du bien : Une fille formidable par Marie Wesley

Par Mango


Si vous êtes morose, fatiguée, déprimée, si vous sentez le besoin de vous réfugier dans un coin douillet, une petite musique douce et nostalgique en fond sonore, ouvrez un livre de Mary Wesley, celui-là, par exemple, Une fille formidable (Part of the Furniture), vous oublierez tous vos soucis et vous vous sentirez mieux très vite.
Telle est l'accroche que je ferais si j'étais l'éditrice.
Un coup de blues, de la déprime, une petite baisse de tension, une envie de dormir toute la journée, asseyez-vous dans un bon fauteuil, avec une couverture bien chaude, une tasse de thé, des petits gâteaux et le livre de Mary Wesley. Demain, vous irez mieux!
Voilà ce que je dirais si j'étais médecin en visite chez une plaignante de ce type.
En aucun cas je ne vous conseille ce genre de livres. L'histoire en est désespérément banale , digne d'un roman-photos d'autrefois ou d'une série américaine d'aujourd'hui. Juste bon pour les coeurs de midinettes mais indigne de la grande littérature. Dirigez-vous plutôt vers "La nouvelle Héloïse" ou "L'éducation sentimentale" ou même "Le lys dans la vallée". Si vous voulez à tout prix lire un roman d'amour! mais de grâce, abandonnez celui-là! Il n'est pas digne de vous!
ça, c'est si j'étais mon prof de français de Première!
Enfin, si j'étais un critique que je connais: "ça, un roman? Ce n'est même pas un sous-feuilleton, juste bon pour les pauvres blogueuse évaporées prêtes à s'extasier sur la moindre ligne mal écrite! Laissons tomber et passons à autre chose!"
Oui, mais moi j'aime et je raconte l'histoire sur mon blog pour ne pas l'oublier car évidemment c'est une adorable bluette qui s'oublie facilement!
D'un bombardement à Londres, en 1942 à l'interdiction de l'inceste , en 1965, une vingtaine d'années plus tard, dans la campagne anglaise, après la naissance de jumeaux dont les pères sont différents, se succèdent une rencontre providentielle mais fatale, une lettre salvatrice, une ferme bien gérée, une famille éclatée, un mariage longtemps différé et au bout le bonheur est dans le pré!
Entre l'ouverture et la fermeture du récit, nous trouvons donc une jeune fille seule sauvée par un jeune homme seul qui meurt d'épuisement la nuit même de leur rencontre.Il était malade du coeur depuis longtemps. Il lui laisse une lettre pour son propre père. La lettre sera le lien entre le père et le fils et la messagère, la jeune fille aidera le père à tenir sa ferme qui manque de bras.
J'ai plutôt bien aimé ce récit! L'intrigue va son cours sans accroc, avec des chapitres courts, peu de descriptions, juste ce qu'il faut pour planter le décor, des personnages bien campés, sans trop de dialogues futiles, une écriture simple et classique, sans fulgurance mais une action solide qui ne se perd pas en route, donc bien maîtrisée. Bien sûr, à la fin on se lasse un peu car le dénouement est trop convenu mais ce qui m'a le plus déroutée, c'est la grande naïveté de la jeune héroïne quant aux réalités sexuelles de la femme. Elle vit pourtant dans une grande ferme où elle s'occupe des animaux et elle ne cesse de poser à tous ceux qui l'entourent des questions sur l'acte d'amour et l'accouchement que ne poseraient pas aujourd'hui un enfant de dix ans!
Mais je chipote , j'ai aimé et il ne faut pas bouder son plaisir dit-on par chez moi!
Mary Wesley: Une fille formidable(Titre original: Part of the Furniture, 1997, Flammarion, 2000, 356 pages)
4 de Couv:"Junon Marlowe a dix-sept ans en 1941 quand elle se réfugie dans le métro durant le blitz de Londres. Ell y rencontre un certain Evelyn Copplestone qui meurt quelques heures plus tard en lui remettant une lettre pour son père. Junon fait aussi la connaissance de Robert Copplestone, gentleman farmer installé en Cornouailles qui lui propose de l'héberger jusqu'à la fin de la guerre. Mais initiée il y a peu aux choses de l'amour par ses deux cousins, Junon se retrouve bientôt enceinte. De quoi enclencher une série de revirements inattendus et de situations burlesques qui rythment cette charmante comédie de moeurs nichée au coeur de la province anglaise, mélange d'anciens rapports de classe et d'idées d'une surprenante modernité. Après "La pelouse de Camomille" et " Les raisons du coeur", Mary Wesley signe ici le troisième volet de ses "romans de guerre", savant cocktail de frivolité, de nostalgie et d'impertinence dont elle a le secret."