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Boris Vian: l'appel du 18 juin sur Arte

Publié le 14 juin 2009 par Irigoyen
Boris Vian: l'appel du 18 juin sur Arte

Boris Vian: l'appel du 18 juin sur Arte

Que vous soyez ou non des inconditionnels du Bison Ravi – anagramme de Boris Vian -, je vous invite à regarder jeudi 18 juin à 22h15 sur Arte le documentaire réalisé par Philippe Kohly sur la vie de cet écrivain-musicien. La diffusion de ce film suivra celle d'une fiction, Bulles de Vian, avec, notamment Antoine de Caunes, Jean-Pierre Marielle ou encore Jean-Pierre Darroussin.

Comme vous pouvez le remarquer la chaîne pour laquelle j'officie a décidé de rendre hommage à l'auteur de L'écume des jours dont on commémore, le 23 juin, le cinquantième anniversaire de la disparition. Il faudrait vraiment être fort pour échapper à ces hommages en tous genres. Autant donc suivre le meilleur. Car ici c'est du très bon.

Grâce au documentaire Boris Vian, la vie jazz le téléspectateur apprend à mieux connaître la personnalité d'un homme dont le parcours semble d'abord rimer avec insouciance. Celle qui est alors visiblement très en vogue en France dans l'immédiat après-guerre. J'ai trouvé que le réalisateur montrait parfaitement comment le décès de Vernon Sullivan – un des nombreux hétéronymes de Boris Vian – marquait le début d'une nouvelle décennie, plus politisée et qui allait notamment conduire le mouvement de mai 68.

Le film débute par une interview de l'auteur, face caméra, où il évoque l'obtention d'un diplôme d'ingénieur, ce qu'il « fallait pour pouvoir dire des bêtises ». Cette saillie ne donne pas pour autant le ton à ce documentaire qui nous plonge d'abord dans l'univers de la famille Vian. Paul, le père était un aristocrate. Rentier, il considérait que la vie devait être une fête. Pas étonnant que pour Boris et ses frères et soeurs ce fut « tous les jours dimanche ».

Le film insiste aussi sur les rapports de Boris Vian au jazz, une musique qui connaît son heure de gloire dans l'hexagone au moment du débarquement américain sur les côtes normandes et qui apporte à cet homme, atteint d'une malformation du cœur, une vraie bouffée d'oxygène. Il vénère le pianiste Duke Ellington. Mais c'est pourtant la trompette dont Boris va apprendre à jouer seul.

C'est aussi le jazz, nous dit Philippe Kohly, que Boris Vian tente d'introduire dans la littérature. L'homme devient écrivain à l'âge de 25 ans. Son premier ouvrage Vercoquin et le plancton est accepté par les éditions Gallimard. Raymond Quenau devient son ami. Il fréquente Jean Paulhan, le directeur de la NRF de 1925 à 1940 et de 1953 à 1968. Sartre l'invite dans la revue Les temps modernes. Mais bientôt il verra ses chroniques refusées.

La mauvaise fortune le poursuivra après la publication de son second roman L'écume des jours – dont j'aurai l'occasion de reparler ici-même – qui, paraît-il déplût beaucoup au romancier et critique littéraire Marcel Arland -. Faut-il y a voir une relation de cause à effet ? il ne remportera pas le prix de la Pléiade. A partir de là, les livres de Boris Vian se vendent mal. L'homme fait la course à la pige, même s'il assure une chronique régulière dans le magazine Jazz Hot. Les temps deviennent plus difficiles. Et pour couronner le tout, l'auteur est poursuivi par une ligue d'action morale à cause de J'irai cracher sur vos tombes.

Une nouvelle période commence pour Boris Vian quand il rencontre Ursula Kubler avec qui il vivra près de la place de Clichy. Vian devient architecte mais garde un pied dans l'écriture avec notamment la traduction de romans de science-fiction. A cette époque, il rédige aussi des chansons - dont le fameux Déserteur, morceau écrit alors que la guerre d'Indochine fait rage - qu'il interprète en tournée. Seul problème,Vian est pétrifié par le trac et l'accueil qui lui est réservé est parfois difficile, comme lorsque des anciens combattants investissent la scène où il se produit.

Un homme va alors le prendre sous son aile : Jacques Canetti, directeur artistique chez Philips qui lui confie une collection. Vian dirigera des enregistrements comme Ascenseur pour l'échafaud et écrira des dizaines de chansons avec Henri Salvador. Puis il démissionnera de la maison disque.

Que le résumé réalisé ici-même ne vous dispense nullement de voir ce film. Ne serait-ce que pour vous abandonner à la personnalité très attachante de Boris Vian, homme plus profond, sensible et certainement tourmenté que ce qu'on avait dit jusque-là et dont la vie s'achève dans un cinéma, dix minutes après le début de la projection de J'irai cracher sur vos tombes, adapté à l'écran par Michel Gast.


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