Touchée brulée

Elle a 6 ans ou un peu plus, sa mère m'appelle une heure après la sortie de l'école.

Elle: « Rica, tu sais, je t'ai demandé hier une ordonnance pour les pansements de E. qui s'est brulée. Ben là, la jambe est pas belle du tout, elle est gonflée , elle est rouge, tu peux la voir ? »

Elle m'avait passer un coup de fil la veille effectivement, sa fille avait par accident touché le pot d'une moto en marche, c'était un peu brulé, mais sans trop, m'avait t elle dit.

Moi: « Oui ! Amène la moi d'ici 30 minutes ».

Je les vois une demi-heure plus tard, debout dans la salle d'attente, la petite en short boite, mais semble bien supporter la douleur et la brulure. Elle ne pleure pas, elle sourit.

(Image DR)

Bon... c'est pas du premier degré... c'est du second degré, superficiel essentiellement on dirait, avec peut être quelques partie de second degré profond .

La brulure, au premier degré , c'est le « coup de soleil », une rougeur douloureuse et chaude.

Le second degré , c'est le décollement de l'épiderme et du derme, une « bulle » (un phlyctène) apparaît, souvent ces bulles se rompent, et donne un aspect flétri, ce qu'on peut voir sur la photo. On distingue classiquement du second degré superficiel (la simple bulle) et le second degré profond (le derme , sous la brulure apparaît mal vascularisé, donc « blanchâtre »)

La première des choses à faire en cas de brulure thermique (car il existe aussi des brulures qui ne sont pas due à la chaleur, mais à des produits chimiques par exemple, et là, la conduite à tenir dépend de l'agent chimique), c'est de refroidir sous l'eau courante (du robinet) pendant plusieurs minutes, jusqu'à 15 minutes .

Il faut le débuter très rapidement, et être patient sous la flotte . La brulure continue à s'étendre après le contact brulant, cette partie est essentielle, fondamentale et urgente. (J'insiste assez ?). Avant même d'appeler le 15 , l'hélicoptère ou l'armée de l'air, il faut mettre sous l'eau courante.

Ce fut fait la veille apparemment... j'ai du mal à savoir dans quelles conditions, mais de toute manière c'est trop tard là.

On voit mal sur la photo, mais l'ensemble de la jambe (c'est la cheville qu'on voit à droite) est gonflé, deux centimètre de diamètre de plus que l'autre jambe. La couleur ressort mal, mais la peau non brulée est erythémateuse, inflammée.

La petite a un peu plus de 38 de température, et je sens un ganglion inguinal (à la racine de la cuisse, sous l'élastique de la culotte) un peu plus gros que de l'autre coté. Il est donc possible qu'une surinfection soit en cours. C'est ce qui va me motiver à la mettre sous antibiotique.

Du tulle gras, de la vaseline stérile (les tulles gras ne sont jamais assez gras !! ), j'y ajoute de la flammazine (un désinfectant antibiotique local, je sais que c'est controversé depuis quelques années, mais qu'est ce qui n'est pas contesté en médecine aujourd'hui ? ).

Des calmants au besoin (le doliprane devrait suffire), et une couverture antibiotique en sirop.

J'ai eu des nouvelles, la jambe a dégonflé, l'aspect est moins rouge, l'enfant n'a pas l'air d'avoir très mal.

Une petite remarque, dans nos campagnes, un certain nombre de patients et patientes , après ou avant être aller chez le médecin (parfois même à la place d'aller voir le médecin) vont se « faire arrêter le feu ».

Médicalement parlant, « scientifiquement » parlant, c'est de la foutaise.

En pratique, que ce soit « psychologique », « ésotérique », « magique », quasiment TOUS les patients en rapportent un bénéfice. J'ai pu constater de mes propres yeux que les demandes d'antalgie (ne pas avoir mal) sont moindre chez ces patients, et souvent, la brulure est beaucoup moins inflammée.

Je ne travaille pas « pour la médecine », je travaille pour les patients, et dans ce contexte, je suis très content qu'ils aillent par eux-mêmes voir ses « guérisseurs du feu ». Je ne le leur « conseille » pas (voyons un médecin, ne peut pas conseiller ça... ça ne serait pas un médecin), mais la plupart de mes patients savent que je suis ouvert à tout ce qui marche pour eux. Ils apprécient car ça leur permet de venir me demander ouvertement ce que je pense, les risques que je pressentirais sur telle ou telle méthode alternative, ils choisissent librement ce qu'ils veulent faire.