L'hirondelle ne fait pas le printemps...

Beaucoup devrait réfléchir à ce proverbe si on ne veut pas risquer des lendemains qui déchantent : "l'hirondelle ne fait pas le printemps".
En ce printemps 2009, les élections européennes qui viennent de se dérouler semblent avoir bouleversé (comme souvent pour ces élections, il n'y a qu'à regarder l'histoire) le paysage politique avec un recul significatif du PS et du MoDem qui seraient dépassés par une coalition écologiste.
Comme je l'ai déjà écrit, si ces élections reflètent réellement une prise de conscience écologiste des citoyens, alors je ne peux - en tant que CAP21 - que m'en réjouir. En effet, il est important que les citoyens s'engagent dans une autre voie que celles que nous connaissons actuellement, ce qui ne veut pas dire qu'il faille devenir des "décroissants" mais qu'il faut développer une croissance verte qui intègre la durabilité, le social et l'environnemental.
Mais je ne crois malheureusement pas pour notre planète que les résultats reflètent cette prise de conscience collective mais qu'elle est plutôt le résultat d'une conjonction de phénomènes plus ou moins faciles à expliquer.
D'abord, force est de constater que les 60% d'abstention obèrent complètement l'analyse des résultats hormis celui de dire que les partis politiques - en dehors d'Europe Ecologie qui a fait une vraie campagne européenne - n'ont pas réussi à motiver et à convaincre les citoyens de l'importance de l'Europe dans un monde globalisé où pour compter, il faut s'unir.
Car comptons ensemble pour l'Indre et Loire :

• l'UMP, grande gagnante a fait 28,87 % des suffrages exprimés obtient, modulo l'abstention, un petit 11.75% des électeurs inscrits !

• De même, l'indéniable percée d'Europe Ecologie avec près de 16,16% des suffrages exprimés représentent, toujours en tenant compte de l'abstention, 6.56% des inscrits.
  

• Le PS, en difficulté avec un score de 16,35 % des suffrages exprimés représente en définitif 6.59%
  

• Enfin le MoDem, avec 7,89% des suffrages exprimés ne représente que 3.22% des électeurs inscrits sur les listes électorales.

Alors que dans les autres élections, nous n'avons pas l'habitude de présenter les résultats de cette manière mais c'est pourtant celle qui représente le mieux le vrai paysage politique car cette mise en perspective a le mérite de prendre en compte ceux qui ont voté pour leur candidat, ceux qui ont voté blanc ou nul et ceux qui n'ont pas trouvé un intérêt à se déplacer. Alors, quand ceux qui restent à la maison sont aussi nombreux (232 593 électeurs sur les 405 022 inscrits), il y a lieu de reprendre autrement l'analyse politique et de ne pas se contenter d'une analyse superficielle ...
Il est donc difficile de parler de bouleversement du paysage politique avec de tels scores. La seule analyse qui me semble crédible est de dire, qu'avec un tel taux d'abstention, que tous les partis politiques ont perdu !
Mais, ces partis politiques sont responsables de cette abstention car, à force de ne parler d'Europe qu'en terme négatif (c'est pas moi, c'est la faute à l'Europe...), de ne pas avoir le courage de construire un espace européen donnant un avenir commun tout en respectant la culture de chacun, de se diviser pour des raisons de prise de pouvoir en interne, comment faire aimer l'Europe ?
J'en reviens maintenant à l'environnement. La dimension européenne est importante dans ce domaine car elle est seule capable de donner une direction, une dynamique et d'imposer au monde, surtout en vue de Copenhague, notre vision sur l'après Kyoto.
Ecologistes, soyons vigilants et réalistes ...
Car le plus grave danger qui guette au coin du bois est de se croire arrivés lorsque l'on est à peine partis.
Donc, considérer que les résultats de dimanche dernier sont de bons résultats est correct et tout à fait légitime.
Considérer que l'on devient en une élection la deuxième ou troisième force politique nationale dans le contexte (nature de l'élection qui amène régulièrement des surprises sans lendemain, taux d'abstention, vote sanction des partis traditionnels du fait de leur dissension interne ..) est risqué.
Le travail de sensibilisation, de formation, de réunification est devant nous et la planète ne peut pas attendre selon les recherches menées par le GIEC et aussi du fait que notre économie dévoreuse d'énergie et polluante repose sur une énergie non renouvelable qui va devenir de plus en plus rare et donc chère dans les trente ans qui viennent.
On peut avoir la tête dans les étoiles que si l'on sait garder les pieds sur terre et rassembler ce qui est épars pour construire un monde où le présent est important et où l'avenir est primordial.
C'est à ce travail que je m'astreins au sein de CAP21 et j'encourage tous ceux qui veulent développer une croissance verte signe de durabilité, de progrès social et de protection de l'environnement à justement garder les pieds sur terre afin de continuer à faire progresser les valeurs auxquelles on croit et pour lesquelles on milite et on s'implique.
Dominique Lemoine