La solution: Hans Fallada dans “Seul à Berlin”

Publié le 14 juin 2009 par Chantalserriere

Un peu difficile, l’énigme, cette semaine! Et pourtant, notre amie Christine, de Pagesà pages, en a triomphé. Bravo!

C’est Primo Lévi qui disait de “Seul à Berlin” qu’il était pour lui “le plus beau roman sur la résistance allemande antinazie”… Il s’agit bien de la résistance, désespérée, menée en Allemagne au plus sombre des années noires.

L’ouvrage de Fallada s’ouvre sur la célébration festive à Berlin de la capitulation française en mai 40. Comme un étrange miroir à “Suite française“, l’oeuvre posthume d‘Irène Nemirowsky qui présente, elle , à travers un enchaînement de tableaux, l’accablement et le désarroi des Français de la débâcle à l’annonce de la défaite.

“Hans Fallada, pseudonyme de Rudolf Ditzen (1893-1947), exerça une multitude de métiers - gardien de nuit, exploitant agricole, agent de publicité - avant de devenir reporter puis romancier. Ecrivain réaliste populaire, il dressa un tableau très fidèle de la société allemande entre les deux guerres, et termina en 1947 par Seul dans Berlin, son chef-d’euvre. ” –Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

Fallada est  ainsi témoin de l’intérieur. Il voit, comprend, décrypte la montée du nazisme dans la société qui est la sienne. Il décrit minutieusement l’engrenage des comportements. Les gestes de la vie quotidienne. La  contagion de la corruption mentale. La souffrance. L’immense souffrance d’une population atteinte de paranoïa justifiée.

Hans Fallada se moque bien de l’art pour l’art. Son écriture est neutre, à la limite de la fadeur. Jamais d’effets. Le style n’existe pas. Seuls comptent les mots collés à la surface des gestes, des attitudes, des émotions trahies par la mobilité du visage, du regard. Personnages pâles ou névrosés. Il n’y a pas de héros. Juste un homme qu’on ne remarque pas, un juste, sous son habit d’employé modèle, qui défie le leader fou. Et toute la machine s’emballe.

Cet ouvrage, peu connu du grand public, met en lumière l’importance du décryptage par l’infime des pathologies de nos sociétés. Bien sûr, la lucidité n’est pas une garantie  de guérison. Un autre livre de Fallada s’intitule “Quoi de neuf, petit homme?”… Oui, après décryptage, que fait-on?

Belle revue de littérature allemande