L’exposition des photographies de Jim Goldberg à la Fondation Cartier-Bresson (il est le lauréat 2007 du Prix HCB; jusqu’au 26 juillet), Open See, concerne les immigrés, les migrants, les clandestins, qu’ils viennent d’Ukraine, du Bangladesh ou du Sénégal. C’est une série de reportages bien faits, suscitant tristesse et indignation. Mais ce ne sont pas les bons sentiments consensuels qui animent le photographe et qui engendrent la sympathie évidente du spectateur qui font l’intérêt de cette exposition.
Goldberg expose une autre série, Rich and Poor, à la Galerie Magnum (jusqu’au 17 juillet). Ces portraits d’Américains, certains riches et d’autres pauvres, sont accompagnés de petits textes auto-descriptifs rédigés par les sujets.
Si les photos, cette fois toutes en noir et blanc et d’un format identique, sont assez classiques, les textes sont empreints d’une ironie parfois douce-amère et parfois mordante (surtout chez les riches):Nitzi Cohen se plaint de ses soucis de riche (maintenir immaculée la blancheur de l’uniforme des domestiques et réparer le yacht), Elizabeth nous informe de son vague à l’âme (”I feel caught between an iceberg and a desert”), Nan Cook (ci-contre) estime que l’image de puissance, de sexualité et de confiance en soi qu’elle projette dans sa photo n’est pas très acceptable socialement, et les vieux époux Goldstein nous inquiètent (Regina ”We are totally devoted to each other”; Edgar ”My wife is acceptable; our relationship is satisfactory”).
Cette juxtaposition des textes et des photos, conçue comme un livre à feuilleter, est l’intérêt principal de cette exposition.
Photos 1&2 de l’auteur, photo 3 courtoisie Fondation HCB, photo 4 provenant du site de Magnum. Toutes photos © Jim Goldberg / Magnum Photos.