La littérature dite “de jeunesse” a su véritablement s’imposer depuis ces dernières années, et a connu un essor remarquable depuis son existence.
Sophie Van Der Linden, directrice de l’Institut international Charles Perrault, s’intéresse beaucoup à l’analyse de l’album contemporain et au rapport du texte et de l’image. Elle parle d’ “album en liberté“. Elle observe notamment la grande diversité des albums contemporains: aucun formats précis, matériaux divers et variés, nombre de techniques d’expression et mises en pages considérable… Elle donne pour exemple 4 albums édités à la même époque qui sont tous différents les uns des autres: Dame Hiver de Nathalie Novi (1), Ma maison de Delphine Durand (2), Moi et Rien de Kitty Crowther (3)ou encore Ben a un chien d’Allan Ahlberg (4)…
Ce qui distingue l’album d’un livre illustré est le nouveau rapport de force entre le texte et l’image. En effet dans un album, l’image est aussi importante que le texte, et le visuel est devenu majeur dans ce genre. De plus, ces images ont une organisation totalement libre. Sophie Van der Linden parle de “croisée de plusieurs formes d’expression“: l’album est influencé par d’autres genres, dont celui de la BD.
La mise en page des albums fait aussi incontestablement partie intégrante de sa liberté. Le texte se mêle à l’image qui est quant à elle intégrée sur toute la page. C’est notamment les éditions du Rouergue qui ont contribué à cette approche de l’album. La typographie a évolué et est particulièrement réfléchie : souvent il n’y a pas de délimitation texte/image. Les lettres deviennent à leur tour expressives, de part leur forme ou leur texture.
Ce qui est intéressant dans cette nouvelle manière d’appréhender l’album, c’est la liberté que le lecteur trouve lors de la lecture de l’histoire: l’ordre de lecture n’est pas forcement détérminé, plusieurs voix narratives sont présentes. L’album est devenu une dynamique :”celle d’un système global et cohérent dont il nous faut comprendre le fonctionnement et les évolutions“.