Éditeur : Le Passage
1ère édition : 2008
Nb de pages : 359
Lu : juin 2009
Ma note:
Résumé :
Lamorlaye, Oise. Vous rêvez. Vous vous voyez courir dans votre maison, les mains en sang. La police vous recherche pour le meurtre d’une gamine que vous ne connaissez pas. Vous vous réveillez. Et vous comprenez que ces rêves sont votre futur. Vous, dans quelques jours… Saint-Ouen, Seine-Saint-Denis. Le corps mutilé d’une femme, enduit de vinaigre. Il semble avoir fait l’objet d’un rituel bien précis. Pour Victor Marchal, jeune lieutenant de police tout juste sorti de l’école, la descente aux enfers commence. Aucune relation entre ces deux histoires, a priori. Et pourtant…
Mon avis :
Médameuzémessieu, c’est encore toute pantelante que je vais vous parler du dernier roman de Franck Thilliez. Je me remets tout juste de mes émotions, je l’ai terminé en trois séances, dont la dernière s’est achevée cette nuit à 4h20. J’appréciais déjà beaucoup cet auteur complètement allumé et qui n’en a pas l’air, mais L’anneau de Moebius confirme une imagination échevelée et un machiavélisme illimité dans l’intrigue.
L’histoire se compose de deux affaires apparemment sans rapport mais qui assez vite vont se révélaient étroitement liées. Le personnage de Stéphane, jeune homme torturé par un passé ponctué de tragédies étranges, commence inexplicablement à se souvenir de ses rêves, troublants de réalisme. Il comprend ou sent très vite que ces rêves sont en réalité un futur le mettant en scène, SON futur. Incapable de décrypter ces rêves il va enquêter de manière intuitive. En parallèle, nous avons Victor, un jeune policier pas franchement fait pour ce métier mais dont l’entêtement n’a d’égal que son ingénuité. Peu de temps après son arrivée dans le service il est mis sur une affaire de meurtre particulièrement sordide et complexe. Il doit élucider des crimes sanguinaires, qui laissent supposer un assassin au sadisme raffiné et élaboré. Les détails ne nous sont pas épargnés, c’est abominable ! Les meurtres, le milieu dans lequel les victimes évoluaient, les mœurs de ces victimes, tout est fait pour nous plonger dans un univers glauque et malsain. Victor, débutant, marié et futur papa plonge dans un quotidien qui ne sent pas la rose.
Le milieu évoqué est quant à lui très documenté, croyez-le ou pas, mais on peut aussi s’instruire avec un thriller !
Nous avons donc deux héros, Stéphane et Victor, chacun en proie à des situations personnelles difficiles, pour des raisons différentes. Le héros n’est pas celui que l’on croit. Le personnage de Stéphane m’a paru le plus intéressant, parce que plus torturé, plus fouillé, plus à fleur de peau. Victor reste le débutant, le gentil garçon qui veut bien faire, mais non dénué d’un certain talent de profileur.
Pour moi le VRAI héros de l’histoire est Stéphane, il m’a plus intéressée que Victor, qui fait figure de faire-valoir. À mon avis ce n’est pas qu’une impression, ce second rôle relatif m’a semblé logique une fois le livre achevé sur une conclusion assez parlante.
Donc, deux affaires qui finissent pas se rejoindre avec la rencontre des deux protagonistes. Stéphane est toujours aux prises avec ses rêves, convaincu de rêver le futur et de devoir le changer pour éviter des drames. Victor s’enfonce dans une enquête trop prenante pour que sa femme lui fasse encore les yeux doux.
Thilliez nous avertit dès le début du livre de l’importance des dates en début de chapitres. Détail qui a son importance car je pense que zapper ces menues infos peuvent totalement saboter la compréhension de l’intrigue, tant les éléments sont vicieusement enchevêtrés.
L’anneau de Moebius, c’est toute l’histoire de Stéphane : une ligne de vie qui se rejoint elle-même, un destin inébranlable contre lequel on ne peut pas lutter.
Au fil de chapitres extrêmement bien rythmés Thilliez nous hypnotise dans sa course contre le temps. Je suis particulièrement friande d’histoires sur le thème du temps, des voyages temporels et tout ce qui s’y rattache. Je ne me suis pas encore remise non plus de la saison 5 de Lost (d’ailleurs cité dans le roman !) et cette lecture en reprend le thème central : peut-on changer son destin ? La connaissance du présent pourrait-elle nous permettre de changer le passé, ou est-ce que tout est destiné à se répéter ?
Fascinant autant que captivant au niveau du thème et du propos de fond, mais aussi de l’intrigue, tordue, torturée, complexe. La psychologie de chacun n’est pas laissée au hasard, vu que de toute façon il n’existe pas. Il y en a peut-être, mais je n’ai pas repéré d’incohérence temporelle (contrairement à Lost où même à plusieurs scénaristes ils se sont un peu mis dedans quand même), le tout reste d’une logique implacable.
C’est grand…
Le final, rien que d’y penser j’en frémis encore.
C’est percutant, un peu comme une grosse baffe dans la tronche…
- Pour en savoir plus, une interview de Franck Thilliez sur Plume Libre
- L’interview du lecteur Franck Thilliez
ps: je remercie au passage ma Capucine préférée qui m’a fait dédicacer mon exemplaire à Toulouse il y a quelques mois alors que je ne pouvais pas me déplacer, merci poulette ! Et merci au maître Thilliez pour la signature