Dans une ville déserté, Yoo prend des photos d’objets perdus ou abandonnés, qui révèlent peu à peu leurs souvenirs. Il a pour seule compagnie une poupée aux yeux bleux, Ian. Voyage au coeur du passé.
Fuguruma Memories (ou Fugurumakan Raihoki) est un one-shot de la grande et talentueuse Kei Toume (Les Lamentations de l’Agneau), complètement méconnu en France et ailleurs même. Pourtant, des oeuvres de cette qualité, ça se compte sur les doigts d’une seule main.
Moins dur que les autres oeuvres que j’ai pu lire de cette mangaka, ce manga est bien plus poétique dans la façon de traiter le sujet. En effet, les objets sont dotés d’une ame et cherchent à rassembler les morceaux de leur “vie” perdue.
Dans le procédé, il y a toujours cette même mélancolie typique chez l’auteur qui semble rechercher une chose qu’elle a perdu. Le souvenir, le passé sont des thèmes récurrents et sont souvent traités de manière triste. Fugurumakan Raihoki ne fait pas exception à la règle. Les objets sont nostalgiques d’une époque, d’un moment précis de leur passé et tentent de reconstituer ce moment de bonheur par le biais d’une photo. C’est ainsi que le role de Yoo prend de l’ampleur car il est le seul à être capable de leur apporter ce petit réconfort comme un magicien qui ferait sortir un lapin de son chapeau. Il est le seul lien qu’il leur reste avec leur bonheur enfui. Les persos passent mais chacun d’eux est plein d’émotions.
Le dessin est lui aussi typique, avec un trait particulier qui fait toujours effet. Mais l’ajout de couleurs est une brillante idée, avec des tons pastels qui sont un régal pour les yeux, surtout pour les persos qui sont d’autant plus magnifiques. La femme-vase est la plus réussie à mon gout, dans des tons bleutés. Chaque planche est à voir plus comme un tableau que comme une simple planche de dessin. Le tout est chaud et triste à la fois, comme si l’auteur recherchait elle-même cet endroit magique.
On finit par regretter qu’il n’y est qu’un tome et la fin est émouvante car elle sort du schéma classique pour ce genre d’histoire. Tout est parfait, même le scénario centré sur le personnage de Ian, magnifique poupée aux yeux bleus, qui voit se succéder des souvenirs qu’elle ne peut pas avoir. Une réussite à lire et à relire, pour le plaisir des yeux.