A chaque fois que je passe devant la piscine (celle du boulevard, en bas de la colline), je regarde les horaires, bien décidée à étrenner le maillot pourpre que j’ai acheté à la fin des vacances l’année dernière. Le lundi c’est fermé, le mardi ça ferme trop tôt, le jeudi je suis occupée ailleurs…
Même rendez-vous manqué avec « Le goût du chlore » de Bastien Vivès, au graphisme pourtant séduisant.
Cette BD raconte la rencontre d’un nageur maladroit et d’une jolie sportive, fine et fluide dans son maillot de compétition ; le crapaud et la sirène. Mais Bastien Vivès aurait dû s’offrir les services d’un scénariste.
Il y a très peu de dialogues dans la BD, et le problème c’est que ceux qui s’y trouvent sont très répétitifs (l’insupportable copain qui permet la rencontre, en particulier, ainsi que le kiné qui conseille très lourdement au héros de se mettre à la natation). L’histoire, elle, se veut elliptique et suggestive, mais je l’ai surtout trouvée creuse et vide comme une piscine désaffectée (jolies scènes de piscines envahies par les feuilles mortes dans Ice Storm d’Ang Lee, d’ailleurs). Et au milieu de tout ça la grande question reprise en 4e de couverture : « Tu t’es déjà posé cette question, pour quelles choses tu es prête à mourir ou celles que tu ne lâcheras jamais ? » (n’en attendez rien, la naïade répond : je réfléchis).
Bouh ! rien pour me rappeler les yeux qui piquent, la mousse des gels douche aux fruits dans les vestiaires, l’eau qui claque sous les plongeons maladroits des aspirants nageurs, les rêveries au rythme de la brasse coulée.
J’ai préféré de très loin l’article de Sylvie qui rappelle l’histoire de la piscine où se déroule l’action (et c’est passionnant).
Pour des vrais frissons d’adolescence à la piscine : Naissance des pieuvres.