Par Mister et Miss Terre de Paris
Quand Paris dort, les monte en l’air s’éveillent. L’échafaudage est là, résillant le vieil immeuble repéré depuis des semaines. Si tentant. Suffit de monter, de passer la palissade, à ses risques et périls, d’escalader pour gagner les greniers ou mieux, directement les toits. Grimper sans bruit, tout courbe, se méfier de chaque pas, se parler à voix basse, tout en économie, des fois qu’en bas un vigile trop zélé ou un voisin délateur…
Voilà, on y est, sur les toits de Paris, les baskets bien collées au zinc. On cherche ses repères, on se discipline l’instinct et le vertige. Paris est là, tout assoupi, piqué de ses grands monuments orgueilleusement éclairés. On Arsènelupine, comme de vrais monte en l’air, sur les faîtes zingués, la main courante lissant le garde corps posé, il y a des lustres, par les ouvriers couvreurs. On chuchote et on se rassure, les yeux précis plantés à gauche sur la tôle en pénombre. Ne pas regarder à droite, là où le vide jauge trente ou quarante mètres. On cherche la voie qui nous conduira sur la crête par de là laquelle brille un morceau de ville ; but de l’escapade. On plisse les yeux, cherchant le passage, la gouttière ou la corniche, qui conduit au balcon espéré. Un passage difficile ? On s’encourage. Encore cent mètres de crapahute, laisser à gauche quelques cheminées et là : La Place Vendôme , vue de dessus.
On reste tapi sur le toit du 23, comme des apaches en planque. Quelques touristes pistent les clients du Ritz, quelques autos trop mobiles rayent de jaune et de rouge le temps de pause de nos photos souvenirs. On sourit à se savoir à deux toits du Ministère de la Justice, ou encore à ceux des plus grands joailliers. On s’en retourne enfin, après un repos de deux heures à épier la ville, à sentir son ciel. On redescend comme Fantômette, Fantomas, Cartouche ou Lara Croft ; chacun son trip mais toujours, à pas de loup. On feinte une dernière fois le vigile, on escalade la palissade. Ca y est, on est à la rue. Le debriefing se fait immédiatement au Harrys Bar .
PS : Ces balades sont parfaitement dangereuses et interdites, qu’on se le dise. On ne s’improvise pas toiturophile. On peut néanmoins les réaliser de façon confortable en se procurant ce beau livre.