gouvernement et le Conseil national de radiodiffusion et télévision (Conartel)
à suspendre les dernières procédures administratives ouvertes contre la chaîne
privée nationale Teleamazonas, qui pourrait, à terme, lui valoir de
disparaître des ondes. Ces procédures interviennent dans une situation de
guerre des nerfs entre la chaîne et le président Rafael Correa, décidé, selon
ses propres mots, à " en finir " avec une presse qu'il juge " corrompue " et
" médiocre ".
" S'il est vrai que le président Rafael Correa a dû affronter des
critiques parfois très dures de la presse privée dès le début de son mandat,
sa volonté de les punir pour leur ligne éditoriale contrevient au principe
même de liberté de la presse. C'est malheureusement dans ce contexte que trois
procédures ont été engagées contre Teleamazonas. Une révocation à terme de la
fréquence de la chaîne, si tel est le but poursuivi, ne règlera en rien le
problème de la 'fausse information' que le chef de l'Etat dénonce. Elle
n'éliminera jamais la critique à laquelle tout pouvoir s'expose, qu'elle soit
juste ou non. Elle risque enfin d'alimenter une polarisation encore plus
sévère, hors du filtre des médias ", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 9 juin 2009, le président du Conartel, Antonio Garcia, a ratifié
l'introduction d'une nouvelle procédure administrative contre Teleamazonas.
Sanctionnée une première fois, , la chaîne privée court cette fois le danger
de disparaître des écrans. La procédure est une réplique à un reportage récent
de la chaîne, relatif aux conséquences environnementales d'un projet dans le
golfe de Guayaquil (Sud-Ouest) conduit par la compagnie pétrolière
vénézuélienne PDVSA. Cette affaire a été également soulevée par le quotidien
El Universo, lui aussi dans le collimateur de la présidence. La direction de
la chaîne a l'intention de saisir la Commission interaméricaine des droits de
l'homme (CIDH).
Six jours plus tôt, le Conartel a rejeté l'appel interjeté par
Teleamazonas à une amende de 20 dollars qui lui a été infligée en avril, pour
avoir diffusé un spectacle taurin à des heures de grande écoute. En mai,
Teleamazonas s'est vu notifier une autre procédure pour avoir dénoncé, à
l'issue des élections générales du 26 avril, l'existence d'un centre de
dépouillement clandestin et de possibles " fraudes électorales ". Dans le cadre
de cette deuxième procédure, la chaîne risque une suspension de trois mois, à
l'appui de l'article de la loi de radiodiffusion et télévision punissant la
transmission d' "informations fondées sur des présomptions, de nature à porter
préjudice ou à causer des troubles sociaux ou publics ".
La situation est d'autant plus délicate que le Conartel vient d'être mis
en cause, dans un rapport d'experts remis à Rafael Correa le 18 mai, pour de
graves irrégularités dans l'attribution des fréquences, au détriment des
médias communautaires. Par ailleurs, le président Rafael Correa, qui assumera
la présidence tournante de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) à
partir du mois de juillet, a proposé dans ce cadre la création d'un organisme
défendant les citoyens et les gouvernements contre les abus de la presse.
Cette proposition, même si elle a peu de chance d'être approuvée, a reçu
l'aval de son homologue vénézuélien Hugo Chavez, désireux de réduire au
silence dans son pays la chaîne privée Globovision (lire le communiqué du 29
mai 2009).