Riad Sattouf a franchi la barrière qui sépare la bande déssinée du cinéma. Barrière pas si mince que cela, tant les deux
genres ont peu en commun, au moment de la mise en pratique de leur art. Mais dans un cas comme dans l'autre, gageons que c'est plutôt réussi. D'abord car LES BEAUX GOSSES est un film éminément
drole. C'est une comédie, et ça tombe bien, car on y rie d'un bout à l'autre. Hervé, 14 ans, découvre la vie et ce qui s'en suit, quand on a cet âge là et un physique plutôt ingras. Entre les
catalogues La Redoute aux jolies pages lingerie, et les vidéos porno sur Internet, l'ado est au carrefour des générations mais les préocupations restent les mêmes : sexe, introspection torturée,
masturbation, musique. Le tout pouvait être vulgaire, ou surjoué ( ah ces comédies américaines qu'on dit déjantées, telle Americab Pie, et qui sont en ralité juste grivoises et poussives à
l'extrême ) mais il n'en est rien. Car Sattouf a réussi le tour de force de proposer un langage ado, et des relations inter personnelles convaincantes : il ne parodie pas, ne tourne pas en
ridicule, il observe et ironise avec la sensibilité de celui qui connait bien son sujet. Vincent Lacoste et Anthony Soligo sont excellents en jeunes branleurs ( sens propre du terme ) et toutes
les scènes tournées dans leur classe ( une 3° de Rennes ) sont hilarantes, car vraies et finement reproduites. Les cocasseries ne manquent pas, les galleries de portraits sont suculentes,
abstraction faite pour les poussées acnéïques fréquentes vu le sujet. Si comme moi vous avez abjuré vos années collège et ne souhaitez pour rien au monde les revivre telles qu'elles furent, rien
ne vous empêche de prendre du recul et d'exorciser le mal, au moyen de l'arme la plus efficace : une bonne crise de rire assurée. (7,5/10)