La cour des Miracles : C'est le nom donné jadis dans Paries à une place entourée de logis obscurs,
Vivant au nombre de cinq cents grosses familles entassées les unes sur les autres, en dehors de toute loi morale ou civile, cette association de malfaiteurs avait cependant ses règlements et obéissait à un chef ; elle avait aussi un argot, qui s'est conservé longtemps dans un monde spécial.
On a dit que la cour était un lieu d'asile ; ce privilège existait par la force des choses : si un voleur ou un assassin se réfugiant dans un de ces bouges, la police aimait mieux l'y laisser en paix que de s'exposer à la mort en voulant l'appréhender. De fait, les "argotiers" étaient maîtres chez eux. Leur belle époque date de François Ier ; c'est le lieutenant de police La Reynie, sous Louis XIV, qui mit fin à leurs désordres.
Leurs crimes y sont devenus une branche d'activité normale, un business dont les dividendes se comptent par millions de dollars. Il y a là un joli progrès sur le "travail" des "argotiers" d'autrefois.
Leurs moyens d'action ont également changé et leur existence aussi ; ils ont à leur service le dernier perfectionnement des armes et des transports et vivent dans l'opulence. Mais leurs buts restent les mêmes : assassinats, cambriolages et enlèvements contre rançons sont continuellement à l'ordre du jour. Bien qu'ils soient tous capables de tous les forfaits, il y a cependant des spécialistes dans la corporation.
Les bootleggers sont particulièrement affectés à la contrebande de l'alcool ; les racketeers lèvent des tributs sur les commerçants et les industriels ; les grosses entreprises comme les modestes métiers sont victimes de leur chantage ; celui qui ne paie pas est assuré de représailles. Enfin le soin de massacrer les gêneurs est attribué à des Killers (les tueurs), nom qui s'applique dans les Indes aux tigres mangeurs d'hommes.