Le Vorticelle Rotifère

Par Choupanenette

Le vorticelle rotifère n'est qu'un atome vivant qu'on trouve dans la terre que le vent emporte sur le toit. Aussitôt qu'on humecte d'une goutte d'eau cet atome inanimé, sa vie se réveille, son organisation se développe, et l'on voit paraître, comme par enchantement, un animal dont la tête est ornée de deux panaches que leur perpétuel mouvement giratoire fait ressembler aux ailes d'un moulin à vent, et qui lui servent à saisir au passage les insectes dont il se nourrit.
Dès que la goutte d'eau est réduite en vapeur, l'être merveilleux disparaît pour faire place à l'atome de poussière informe, lequel, au bout de dix et de vingt ans, peut de nouveau recouvrer le mouvement et la vie pour les reperdre et les reprendre encore à la volonté de l'observateur.
Le rotifère a le corps formé d'une multitude d'anneaux rayés longitudinalement. Il devient, à son gré, gros et court, mince et long ; il a même le pouvoir de faire disparaître ses deux petits panaches, ainsi que sa queue qui est armée d'un trident épineux. Ces deux panaches ne sont point un simple ornement, ils servent à former dans l'eau un courant qui entraîne vers la bouche du rotifère les corpuscules dont il fait sa nourriture. Il les met en jeu aussitôt qu'il veut attirer sa proie, et c'est par une illusion d'optique que cette machine ressemble à une roue qui tourne sur son essieu. La queue du rotifère lui est encore très utile : lorsqu'il veut marcher, il accroche le trident qui la termine au plan sur lequel il se trouve, et, allongeant l'autre extrémité de son corps comme un ver qui rampe, il décroche sa queue et la retire ; puis il recommence le même manège avec une agilité surprenant jusqu'à ce qu'il soit parvenu à son but.
L'on a vu des rotifères revenir à la vie jusqu'à quinze fois, en laissant de grandes distances entre l'époque de leur mort et celle de leur résurrection. Ce qu'il y a de singulier, c'est que, si ce petit animal est entièrement nu au moment où il se dessèche, il ne ressuscite plus ; mais il renaît constamment lorsqu'on a soin de le couvrir de poussière. Dans l'état de dessèchement, quelques naturalistes assurent qu'il supporte le feu le plus ardent sans périr.

L. Aimé MARTIN