17 ans. Voilà 17 ans, depuis 1993 (et sa Ligue des Champions remportée en finale contre le Milan AC), que l’Olympique de Marseille attend désespérément un nouveau titre. Une trop longue attente pour cette patrie du football (8 titres de champion, 10 Coupe de France, 1 Coupe d’Europe des Clubs Champions), devenue au fil du temps, nostalgique de ses années Tapie, celles qui avaient fait du club le patron du football français, soulevant du même coup la coupe d’Europe aux grandes oreilles, la seule remportée jusqu’à présent par un club tricolore.
Depuis cette époque dorée, en bientôt deux décennies, les supporters de l’OM ont attendu sans cesse l’espoir d’un renouveau, le retour de la gagne. Mais la Bonne Mère semble s’y refuser. Deux finales de l’UEFA perdues en 1999 et 2004, deux finales de Coupe de France malheureuses en 2006 puis 2007, la vitrine du club reste vide de nouvelles conquêtes. En championnat aussi, l’OM est passé tout près avec le statut de vice-champion en 1994, 1999, 2007 puis 2009, au terme il y a quelques semaines d’un dernier coude-à-coude passionnant mais insuffisant avec les Girondins de Bordeaux, le rival historique des années 80.
Une disette qui n’a pas entamé la ferveur qui anime Marseille, dans une cité où la passion pour les couleurs ciel et blanc n’a pas de limite, sinon celle de la patience des supporters. L’OM a toujours vécu sur un volcan populaire, celui qui l’a propulsé vers les sommets, celui aussi qui régule la pression qui pèse sur les joueurs, entraîneurs et dirigeants qui ne feraient pas l’affaire. Malgré 17 ans sans titre, l’ambition de Marseille est toujours de gagner, c’est souvent l’objectif minimum fixé par son public, trop longtemps habitué aux belles heures du club. Quitte à faire de l’instabilité de ses cadres une des marques de fabrique de l’OM. Gagner ou partir, voilà la rengaine entendue par bon nombre de techniciens venus s’asseoir sur le banc marseillais, et c’est ce qui attend le nouveau coach Didier Deschamps, l’ancien capitaine du Marseille des années Tapie.
Celui que l’on surnomme “La Dech’” a beaucoup gagné à l’OM, glanant deux titres de Champion de France (1990, 1992) mais surtout cette C1 face au grand Milan AC (1993) avec les galons de capitaine. C’est lui qui a brandi le dernier trophée remporté par le club, tout un symbole pour celui qui ne peut pas mieux cristalliser l’attente de tout un peuple. Deschamps à l’OM, c’est aussi celui qui est allé s’imposer en équipe de France pour emmener la génération Zizou vers les sommets mondial (1998) et européen (2000), là aussi en qualité de capitaine. Le Bayonnais formé à Nantes est assurément un meneur d’hommes, il l’a prouvé comme joueur et sa vocation d’entraîneur était toute trouvée.
Reste à savoir si ses capacités seront compatibles avec l’OM ? Lors de ses deux premières expériences de coach à Monaco (2001-2005) puis à la Juventus de Turin (2006-2007), Deschamps a démontré qu’il avait la capacité de relever le défi du haut-niveau. Parcours jusqu’à la finale de la Ligue des Champions avec le club de la Principauté, remontée immédiate en Division 1 avec la Dame Noire de Turin, le CV de “DD” l’entraîneur possède de belles lignes. Mais son parcours sur le banc offre-t-il pour autant de sérieuses garanties ? A Monaco comme à Turin, Didier Deschamps n’est pas parvenu à convaincre sur la durée et ses mandats à la tête des deux clubs se sont finis brutalement. Dans un club comme Marseille, Didier Deschamps arrivera-t-il à peser de tout son poids dans les décisions, au sein d’un exécutif marseillais qui ne laisse que peu de marges de manoeuvre. L’ex-entraîneur belge Eric Gerets en a d’ailleurs fait les frais la saison dernière, malgré un parcours remarquable (2e du championnat) sur le banc du club. Déjà sous pression, Didier Deschamps a déjà l’obligation de faire aussi bien. Faire mieux lui assurerait la reconnaissance éternelle de tous les supporters, impatients depuis 17 ans.
Stéphane H.
90 minutes ouvre la débat :
Didier Deschamps va-t-il réussir comme entraîneur à l’OM ?
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